
Alexandre Marc et le fédéralisme personnaliste sous la dir. de Claude Nigoul
Quelle actualité ? Préface de Matthias Waechter
Alexandre Marc (1904-2000) est né à Odessa dans une famille juive non pratiquante, exilée à Paris en 1917. Étudiant précoce, il suit les cours de Heidegger et de Husserl à Fribourg-en-Brisgau ; c’est pourtant vers le personnalisme chrétien qu’il s’est tourné après son retour en France. Un temps compagnon de route d’Emmanuel Mounier, dont il partagea le bureau au tout début d’Esprit, il s’en éloigne après avoir rencontré Arnaud Dandieu, avec lequel (et d’autres, dont Robert Aron, Denis de Rougemont, Daniel-Rops…), il fondera en 1933 (l’année de sa conversion au catholicisme) la revue Ordre nouveau, destinée à promouvoir un personnalisme davantage porteur de propositions concrètes. Sous l’égide de Proudhon et de son « principe fédératif », Marc et ses amis, avant et après-guerre (dès lors au sein du Centre international de formation européenne [CIFE], toujours actif), ont développé un modèle « fédéraliste global » qui concerne, au-delà des seuls aspects politiques, l’organisation des rapports économiques et sociaux. Deux éléments faisant aujourd’hui débat sont complémentaires dans ce programme personnaliste : tandis que le « minimum social garanti » (une allocation universelle permettant la satisfaction des besoins fondamentaux) apporterait à chacun une première liberté, celle qui consiste à être à l’abri de la précarité, le service civil obligatoire, destiné à partager le travail « hétéronome » (selon le vocabulaire intr