
Job ou le problème du mal de Alain Houziaux
Un éloge de l’absurde
Job considère que Dieu est l’auteur du mal, ce qui n’est pas exceptionnel dans la Bible, et ailleurs. Mais la question ici n’est pas « Pourquoi y a-t-il du mal ? » – les explications ne manquent pas et Alain Houziaux les passe en revue, comme Job réfute toutes les explications présentées par ses amis. La question est « Pourquoi il y a du mal pour rien, absurde ? »
En suivant l’exégèse actuelle du livre de Job, Alain Houziaux distingue trois parties, de plumes et d’inspirations différentes : le Prologue, la confrontation entre Job et ses amis, le discours de Dieu. Ces trois morceaux spécifiques concourent pourtant à mettre en relief l’absurdité du monde et à faire consentir Job à un Dieu totalement autre que celui de son judaïsme traditionnel et déroutant pour toutes les représentations des religions abrahamiques.
Le Prologue met en scène, mais sur une autre scène que celle que peut connaître Job, Satan et Dieu, qui conviennent d’une sorte de défi au sujet de ce juste, sans qu’il n’en sache rien. Ce qui commande le destin de Job se passe ailleurs et il n’y peut rien. Ce qui positionne Dieu comme l’absolument silencieux, inconnaissable, radicalement autre. Quant au rapport entre le Satan, qui est le bras armé contre Job, et Dieu, qui lui donne la liberté d’éprouver Job, il ne sera pleinement intelligible que lors du discours final de Dieu. Mais ce qu’Alain Houziaux fait ressortir est l’absurdité, que Job accepte, dans laquelle il se trouve, illustrée par cette phrase de Kierkegaard : « L’absurde est le critère négatif de ce qui est plus haut que l’intelligence humaine. &raqu