
La Haine des clercs de Sarah Al-Matary
La France, pays des intellectuels ? Cette image léguée par les Lumières et l’affaire Dreyfus occulterait toutefois la vigueur de l’anti-intellectualisme dans notre pays, d’ailleurs souvent professé par des lettrés. Avec La Haine des clercs, Sarah Al-Matary, maîtresse de conférences en littérature à l’université Lumière-Lyon 2 et rédactrice en chef de La Vie des idées, entend revenir sur cette histoire en négatif. Pour cela, elle part du postulat que cet anti-intellectualisme n’est pas tant une « haine de la culture » que l’affirmation d’une « culture alternative ».
Sarah Al-Matary commence à étudier cette forme de discours à partir du xixe siècle. Celui-ci emprunte, reconfigure et adapte à des contextes différents des arguments déjà entonnés auparavant, de la dénonciation des sophistes chez Platon en passant par les satires de Rabelais. Le xixe siècle est en effet celui du bouleversement de la société à la suite de la Révolution industrielle. À une société organisée autour de trois ord