
La vie derrière soi. Fins de la littérature d'Antoine Compagnon
Quand la mort se profile dans les prodromes ou les certitudes de la vieillesse, sonne l’heure pour certains, non pas des comptes à rendre d’une existence, mais des bilans de ce qui fut créé ou du temps qui reste pour poursuivre, à moins que des sursauts veuillent laisser encore, à l’approche du départ, de plus fortes traces, prouver les capacités restantes d’une vie, imaginer le chef-d’œuvre jusqu’alors retardé ou impensable.
Cet ouvrage d’Antoine Compagnon, ancien professeur au Collège de France, ouvre une enquête sur les œuvres et les propos d’un panel de grands écrivains et d’artistes à l’extrême de leur vie. Comment terminer une carrière, entre ultima verba et « chant du cygne » ? Où s’achève, doit s’achever une vie d’écrivain ? En treize chapitres reprenant ce thème d’un achèvement douloureux ou serein, désabusé et nostalgique ou fort de sagesse, l’auteur se penche sur la « fin » des plus grands écrivains ou artistes, leurs derniers discours ou leur ultime création.
Dans cet ouvrage érudit, on ne sait ce qu’il faut le plus admirer, de la précision et la multiplicité des références ou du fil tenu serré d’une problématique à construire ou à révéler. Parmi les figures retenues, on rencontre Chateaubriand et sa dernière publication, Vie de Rancé (1844), avancés ensemble telle une sorte de paradigme, Baudelaire, Proust, Gide et leurs états d’âme à l’approche de leur mort, Hermann Broch ou Blanchot théorisant la postérité des œuvres et la pos