
Nouvel an de Juli Zeh
Traduit par Rose Labourie
Le roman Nouvel An, sous l’apparence d’un topos imaginaire et facile d’accès, n’est pas moins une confrontation lucide avec les maux de la société actuelle et avec les fragilités humaines. Juli Zeh, en tant qu’observatrice attentive, pose les yeux sur la misère de l’individu humain qui cherche sa place dans le monde contemporain. Lorsqu’à la surface, l’humain semble « fonctionner », lorsque sa vie de famille, son travail, son rapport aux enfants, son confort de vie semblent « fonctionner », tout autre questionnement apparaît inutile. Les réalités plus profondes, l’essence invisible, l’expérience intériorisée de l’homme passent au second plan, le jugement de valeur se portant à chaque fois sur le critère du fonctionnement en conformité avec les attentes sociales.
Ainsi, Henning semble « fonctionner ». Il est marié à Theresa avec laquelle il a deux jeunes enfants, Bibbi et Jonas. Il partage avec sa femme la tâche de l’éducation, chacun travaillant à mi-temps, elle dans un cabinet d’expertise comptable, lui dans une maison d’édition. Le mieux qu’il le peut, Henning s’acquitte de ses tâches de père qui jongle entre le travail et les enfants, et il n’est pas rare qu’il se sente dépassé. Il n’a pas d’autre choix que de « fonctionner » parfaitement, jour après jour, quitte à faire semblant que ses luttes intérieures, ses fragilités psychologiques et le combat contre son passé n’existent pas… alors qu’ils le taraudent jour et nuit.
C’est la chose qu