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Notes de lecture

Dans le même numéro

Poésies. Une saison en enfer. Illuminations illustrées par la peinture moderne d'Arthur Rimbaud

mai 2023

Comment mettre [c]es écrits en lumière, si ce n’est grâce à l’écrin d’un beau livre associant à l’œuvre du poète synesthète celles de grands peintres ? C’est ce que propose cette édition en mettant en regard cent vingt et un de ses poèmes et cent quatre-vingt-quatre œuvres de peintres majeurs du tournant du xxe siècle.

Dans un numéro de la Nouvelle Revue française datant de 1940, André Suarès s’exprimait en ces termes : « Je fuis toute cette espèce de vipères à plumes, la fausse monnaie de Rimbaud, pour qui le français est une langue étrangère et qui viole le lexique et la syntaxe pour faire croire au génie.  » Si ce n’est sous le prisme du style, combien d’essais tentent de faire ressurgir sur eux un peu de l’originalité première de l’aède aux yeux bleus qu’était Rimbaud. Sa prose dit pourtant tout d’elle-même. Vouloir la passer au tripalium d’une énième analyse reviendrait à considérer que le poète n’a pas tout dit par son verbe. Comme le disait Jean Cocteau, avec une apparente simplicité enfantine, Rimbaud profère cependant ses mots dans « un idiome divin, celui des hommes qui sauraient parler au lieu de bafouiller et de braire ».

Dès lors, comment mettre ses écrits en lumière, si ce n’est grâce à l’écrin d’un beau livre associant à l’œuvre du poète synesthète celles de grands peintres ? C’est ce que propose cette édition en mettant en regard cent vingt et un de ses poèmes et cent quatre-vingt-quatre œuvres de peintres majeurs du tournant du xxe siècle. La préface du livre, rédigée par l’écrivain Stéphane Barsacq, éclaire brillamment l’ensemble en s’attelant à décrire l’épiphanie à l’œuvre : « Rimbaud, il s’agit de le redire, est d’abord un poète : autrement dit un être qui offre dans ses mots la possibilité de retrouver un état antérieur, sinon supérieur aux catégories momifiées de la fausse pensée. Sa poésie ne pouvait que rencontrer la peinture d’artistes qui avaient de leur côté également réussi à se dégager de l’académisme des sujets imposés et de la représentation figée en noir et blanc de la photo. » Cette édition permet de se laisser surprendre par des artistes aussi divers que Rothko, Otto Dix, Mondrian, Kees van Dongen.

Diane de Selliers, 2022
448 p. 52 €

Céline Laurens

Ecrivaine et journaliste, Céline Laurens écrit pour La Revue des Deux Mondes. Son premier roman, Là caravane passe, est publié aux éditions Albin Michel.

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