
Traduction et violence de Tiphaine Samoyault
Cet essai nous introduit dans « l’atelier du traduire » ; voilà qui n’est pas à proprement parler nouveau. D’ailleurs, les nombreuses références faites par l’auteure, elle-même traductrice, montrent à l’évidence une grande maîtrise des différents tournants qu’ont connus les théories de la traduction, à commencer par le tournant anthropologique que Benveniste fait prendre à la linguistique en 1937. Le lecteur reconnaîtra les traces du grand et ancien débat autour des Belles Infidèles, des conceptions de l’école allemande, la première à avoir scruté « l’archéologie de la traduction », ou encore, s’agissant davantage de traduction littéraire, les contributions d’écrivains et poètes contemporains. C’est dire que tout ce qui tourne autour de l’impossible fidélité du texte d’arrivée au texte source, au processus incontournable d’« étrangéisation1 », avec ce qu’il produit de féconde instabilité dans la propre langue du traducteur, inspire largement les thèses de Tiphaine Samoyault, critique littérai