
Un an dans la forêt de François Sureau
Au-delà du pittoresque, l’écrivain exalte une liberté intérieure. La forêt en devient le vecteur pour échapper au monde et permettre une fabrique de soi.
François Sureau écrit à propos de Cendrars, comme naguère d’Apollinaire, une « biographie sans biographie ». Il entre en dialogue mental dans ce que l’auteur suisse a fait de sa vie. Et ce au moment où, isolé dans la détresse et la solitude, il rencontre une femme d’exception (Élisabeth Prévost) aux yeux saphir, un rien androgyne et de trente ans sa cadette. Elle ignore tout de l’œuvre de Cendrars ; il découvre soudain une égérie pour laquelle la solitude est source de gaieté. Ils voyagent non comme à leur habitude, au long cours, mais dans la forêt des Ardennes et son athanor. François Sureau nous perd dans un tel lieu. Au-delà du pittoresque, l’écrivain exalte une liberté intérieure. La forêt en devient le vecteur pour échapper au monde et permettre une fabrique de soi. Et ce jusqu’à la séparation du couple étrange en 1939. Cendrars quittera cette femme presque sans un mot, mais la fugace rencontre fut magique et déterminante : l’auteur va se remettre à écrire.