
L'Alcoran d'Olivier Hanne
Préface de John Tolan
Si Umberto Eco a écrit que « la langue de l’Europe, c’est la traduction1», le livre d’Olivier Hanne peut s’appréhender comme une histoire parallèle de l’Europe, via sa relation avec l’islam et son livre saint. Plus que des rapports entre Européens de l’Ouest et musulmans, L’Alcoran permet en effet de comprendre les clichés et images qui ont bâti les relations entre deux civilisations se définissant par leurs religions depuis les conquêtes musulmanes du viie siècle. Comme l’explique l’auteur dans sa conclusion, l’Occident laïcisé contemporain continue paradoxalement de mal étudier le Coran, de le publier en majorité sans notes ou sans contextualisation des sourates, ou sans rappeler les nombreuses exégèses de ce livre publiées par des auteurs musulmans entre le viiie et le xiie siècle.
La traduction la plus diffusée pendant plusieurs siècles fut en effet l’Alcoran de Cluny, texte établi par Robert de Ketton en latin en cherchant le juste compromis entre cette langue et l’arabe, là où la version de Marc de Tolède, que l’historien considère meilleure, fut à peine copiée. Olivier Hanne précise par ailleurs qu’il est très difficile pour des traducteurs chrétiens médiévau