
Pour un humanisme vital de Frédéric Worms
Un « vitalisme critique » : telle est la pensée qui anime ces quarante-huit lettres, adressées à une amie anonyme par le philosophe Frédéric Worms. Par cet essai épistolaire, le professeur de l’École normale supérieure et membre du Comité consultatif national d’éthique s’inscrit à nouveau dans la lignée de Bergson. S’entremêlent ici, au gré des sujets, les apports de Canguilhem et de Butler, de Foucault et de Bowlby. La biologie y est indissociable de la biographie et la mortalité, dans cette philosophie critique, s’étend jusqu’aux rapports entre les humains, jusqu’à leur violation. « La vie, c’est la mort », note encore l’auteur, citant Claude Bernard. Worms, dans des lignes particulièrement sensibles, appelle à un « humanisme vital ». Manière de répondre, en actes, aux « dangers du moment » – ceux-là mêmes qui menacent aujourd’hui nos corps, nos pensées, nos existences. Europe, bioéthique, intelligence artificielle : et si notre époque était celle d’une révolution du vivant ? Une telle question ouvre sur les relations morales, sociales, éthiques entre les hommes, à l’échelle la plus intime ou la plus étendue, jusqu’à celle du monde, lorsque l’horizon historique, ramené à la Terre et à sa préservation, nous relie, chaque jour un peu plus, au vivant.