
Un droit à la survie ?
La crise du coronavirus, et la succession de mesures engagées pour y répondre ont mis au jour l’importance nouvelle du droit à la vie. Que sommes-nous prêts à tolérer au nom de ce nouvel impératif ?
Dans son intervention télévisée du 28 octobre 2020, le président de la République n’a utilisé qu’une seule fois le mot « vie ». C’était pour rappeler, si besoin en était, que la vie est désormais au-dessus de tout : « Rien n’est plus important que la vie humaine. » Tout était là pour rappeler que les décisions prises par l’exécutif depuis la mi-mars – et a fortiori les plus contraignantes : confinement, couvre-feu – sont vitales. Mais, à y regarder de plus près, n’est-ce pas plutôt de survie qu’il est question ? Cette vie réduite au strict minimum ou aux « bonnes raisons » (c’est-à-dire au travail), pour reprendre la formule du chef de l’État, n’est-elle pas la définition même de la survie ou de ce que Walter Benjamin appelle la « vie nue » par opposition à la « vie juste1 » ? En somme, ce qu’il reste de la vie après qu’on en a soustrait les plaisirs et les nécessités que nous lui attachons spontanément. La situation ressemble étrangement aux épidémies de peste de la fin du xvi