Turquie : la dérive autoritaire
La dérive autoritaire du pouvoir en Turquie est patente. Les raisons sont à la fois historiques, sociologiques et conjoncturelles. Mais la volonté de pouvoir sans contrôle, sans frein de Tayyip Erdoğan, au pouvoir en Turquie depuis treize ans, et son projet de réinstituer une société pieuse y est pour beaucoup. À sa demande, les journalistes Can Dündar et Erdem Gül, du plus vieux journal turc Cumhuriyet, sont en prison sous l’accusation d’espionnage et d’intelligence avec une organisation terroriste. Ils ont publié des documents qui prouvent des livraisons d’armes de guerre aux opposants syriens par les services secrets turcs. Trente-sept journalistes sont actuellement sous les verrous et un nombre plus important sans emploi à cause des pressions exercées par le chef de l’État ou par son entourage sur les patrons de presse. Des universitaires, signataires d’une pétition appelant le retour au processus de paix dans le problème kurde et l’arrêt des violences disproportionnées des forces de l’ordre contre les rebelles dans quelques villes, sont pourchassés, toujours à la demande d’Erdoğan, par leur université et par les procureurs. Environ 1 300 procès en pénal sont ouverts pour injure au chef de l’État depuis son élection en août 2014. Toutes les chaînes de télévision diffusent intégralement son moindre discours et il en fait au moins un par jour.