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Dans le même numéro

Villiers-le-Bel : ethnographie d'un procès politique

août/sept. 2010

#Divers

Le 25 novembre 2007 : coups de feu contre la police lors d’émeutes à Villiers-le-Bel. Le 21 juin 2010 : ouverture du procès contre cinq jeunes accusés. Comment ce procès s’est-il déroulé ? Et que dit-il de la banlieue, des relations entre la population et la police, des tensions qui mènent à l’émeute ? Mais surtout, que peut-on attendre de ce type de procès qui se veut « exemplaire » pour montrer que « force reste à la loi » ?

La scène se passe au tribunal de Pontoise, lundi 21 juin 2010. Aujourd’hui débute le procès des cinq personnes renvoyées devant la cour d’assises pour tentatives de meurtres sur des fonctionnaires de police dans l’exercice de leurs fonctions lors des émeutes de Villiersle-Bel qui ont suivi la mort de deux adolescents, Moshin Sehhouli et Laramy Samoura, le 25 novembre 2007. Devant la salle d’audience, c’est l’attente. Deux groupes se font face. La tension est palpable. D’un côté, il y a les policiers : un cordon de Crs barre l’entrée, des gradés les encadrent, des policiers en uniforme d’apparat, des civils passent et saluent leurs collègues, le regard grave ; de l’autre, les familles : des adolescents et des jeunes adultes des deux sexes sont venus en compagnie des parents des accusés, les pères en costume de ville, les mères habillées à l’africaine, dignes ; ici des Blancs, là des Noirs. Entre les deux, une nuée de journalistes. Caméras sur l’épaule, micros-perches tendus vers les arrivants, blocs-notes en main, ils se regroupent pour les filmer et recueillir quelques déclarations, puis se dispersent avant de former une meute à nouveau. Les familles contemplent ce spectacle sans sourciller. En arrière-plan, quelques militants dont on sent la colère contenue.

L’attente se prolonge. Les quatre-vingts policiers qui se sont portés parties civiles et les journalistes entrent. Il faut tirer au sort les jurés. Un civil vient à la rencontre des familles : tout le monde ne peut pas rentrer pour des raisons de sécurité et des raisons matérielles. Seules quinze personnes peuvent entrer. La tension monte d’un cran. Un adulte lance : « On veut pas de nous, alors on n’a plus qu’à s’en aller ! » Mais on s’adapte finalement à la situation, dans le calme. À la porte d’entrée, cinq Crs forment un cordon, derrière eux des gradés. Sous leur nez, une vingtaine de jeunes adultes de Villiers-le-Bel leur font face. Finalement, après deux heures d’attente, les témoins – dont je suis – sont invités à entrer. À l’intérieur, le débat est vif entre les avocats de la défense et la présidente. L’un d’eux donne le ton : « Il n’est pas question de commencer ce procès sans qu’il ne soit public. Si les portes restent fermées, je pense que nous sommes d’accord avec mes collègues, nous sortons. » Un avocat des parties civiles évoque un « procès à huis clos ». La discussion est reportée, et on donne rendez-vous à la vingtaine de témoins qui font face à la cour. On attend encore un peu, l’audience est suspendue.

Dehors, un cordon de Crs repousse le public dans le hall, puis un peu plus loin, dans le calme. Un avocat passe donner quelques consignes : au moindre faux pas, à la moindre embrouille, tout le travail effectué s’écroulera. Les familles restent dignes, tout le monde comprend bien la situation. Il y a là les pères des inculpés, impassibles, les mères, le regard impénétrable, les frères et les sœurs, les oncles et les tantes, les ami(e)s, ainsi que les membres de l’association « Vigilance, respect, justice ». L’un d’eux, invoquant le barrage à l’entrée, me lance : « Tout ça, c’est du racisme ! Tu vois un procès de Blancs où l’on ne laisserait pas entrer. Non, c’est pas possible ! »

Dès l’ouverture de ce procès, le décor est planté : l’opposition des publics, les Blancs et les Noirs, l’importance du dispositif policier, celle que les médias ont décidé d’accorder à cet événement, la solitude des familles. Les cinq accusés, tous d’origine malienne, risquent la prison à perpétuité. Quatre d’entre eux sont détenus depuis vingt-huit mois. Ils ne sont pas seulement censés avoir tiré sur la police, mais être aussi, pour trois d’entre eux, les « meneurs » de ces émeutes décrites dans un registre militaire par l’accusation et les parties civiles selon une logique de poursuite en « bande organisée ». Tout semble donc joué d’avance.

Néanmoins, on peut s’interroger. Ce procès est-il celui des « banlieues », au sens où il vise à rétablir l’ordre public et la sécurité des citoyens ordinaires ? Parmi les acteurs de ce procès, certains l’affirment, d’autres le nient, prenant plus ou moins en compte les causes profondes des désordres et violences dont les quartiers populaires sont le théâtre. Mais cette lecture est-elle suffisante ? On ne peut oublier que ce procès a été voulu comme « exemplaire » au sommet de l’État. N’est-ce pas directement l’État et ses représentants qui sont en jeu ? Dans ce sens, il s’agit aussi d’un procès politique. Ces deux interprétations ne sont pas contradictoires. Elles conduisent à proposer les éléments de ce que l’on pourrait appeler une sociologie politique des « banlieues ». Elle s’appuie sur l’observation participante au procès1, complétée par une enquête de terrain à Villiers-le-Bel depuis 20082.

Un procès sous haute surveillance policière

Certes, les deux nuits d’émeutes survenues à Villiers-le-Bel ont été particulièrement violentes. Comme le dira un policier, cité comme témoin à la barre, ayant une longue expérience : « Je n’avais jamais vu ça en 17 ans de métier. Ils ne cherchaient pas à se battre avec nous mais à nous tuer. » De fait, 120 fonctionnaires ont été blessés au total, 52 le premier jour, dont 26 touchés par des tirs, 81 le second, dont 54 par des armes de type fusils de chasse et fusils à pompe. Parmi eux, quatre ont été grièvement blessés, l’un d’eux ayant perdu un œil. Un seuil a manifestement été franchi. Par contre, on ne sait pas combien d’habitants ou d’émeutiers ont été blessés. Quoi qu’il en soit, jamais en France une émeute n’avait atteint un tel niveau de violence – y compris lors de l’automne 20053. Rappelons que lors de ces événements, des coups de feu avaient été tirés, en particulier à Clichysous-Bois, Aulnay-sous-Bois, Noisy-le-Sec et La Courneuve, mais sans atteindre le nombre de tirs enregistrés à Villiers-le-Bel, ni faire de blessés4. Depuis ces événements, des fonctionnaires de police ont été visés par des tirs d’armes à feu à diverses reprises, notamment aux Mureaux en 2008, à Grigny, et surtout à La Courneuve, en 2009, avec une kalachnikov. On ne s’en prend pas impunément à l’État et à ses représentants. D’où peut-être ce sentiment d’état de siège, lors du premier jour en particulier, tant la présence de la police depuis la gare jusqu’au tribunal est visible et importante, sentiment qui a atteint son paroxysme lors du verdict – j’y reviendrai.

Aucun incident notable ne s’est produit durant ces deux semaines d’audience. Jusqu’au bout, les parents et les jeunes autorisés à rentrer sont restés assis sur deux bancs inconfortables, collés les uns contre les autres. À l’extérieur, un groupe de femmes en habits traditionnels et des jeunes attendent sur les bancs, faute de place à l’intérieur. Ils essayent d’établir un roulement. Le dispositif policier est strict. Un premier cordon filtre en haut des marches tous ceux qui souhaitent assister à l’audience. Les avocats passent, ainsi que les journalistes sur présentation de leur carte de presse. Pour les familles, il y a une vingtaine de personnes qui peuvent prendre place. Après, c’est au compte-gouttes. Pour ma part, une fois passé à la barre, à chaque fois, je dois exhiber ma convocation comme témoin, assortie selon les cas de ma carte d’identité. Les Crs sont professionnels, le regard ferme mais la voix basse, renvoyant aux gradés pour décider de l’accès des « civils ». Je passe sans difficulté. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Un après-midi, à la reprise, un groupe d’une quarantaine de personnes est bloqué. Parmi elles, des jeunes, des mères, et quelques observateurs. Une jeune femme qui travaille pour la radio Fréquence Paris Pluriel me lance : « Là, c’est vraiment l’arbitraire. » Passé ce rideau, le second cordon de Crs à l’entrée de la salle n’est qu’une formalité. On montre son portable éteint, ouvre son sac, passe au dépisteur de métaux, avant de pouvoir entrer. Mais tout le monde n’a pas droit au même traitement : certains gardent leur bouteille d’eau pour se désaltérer, d’autres pas ; les policiers gardent leur téléphone ouvert, certains même tentent de prendre des photos. À la suspension de séance du déjeuner, la cinquantaine de proches des familles se retrouvent en contrebas, pour prendre le repas préparé à tour de rôle et, en fin d’après-midi, se désaltérer et se restaurer un peu.

Lors de sa plaidoirie, un avocat remarque : « Ce procès ne s’est pas passé sous une tension extrême, comme on l’aurait peut-être souhaité. Pas un incident. Un service d’ordre impeccable. Une vraie dignité de ces gens-là (se retournant et désignant les familles). Y’en a marre des clichés sur les cités. Ce sont des gens qui travaillent, qui étudient. » Et de pointer du doigt cette travée qui sépare les parties civiles des familles, « passage-symbole entre deux univers qui se côtoient au quotidien ». Un autre avocat le dira aussi à sa manière : « Je suis allé à Villiers-le-Bel. J’y ai découvert des potentialités immenses. Les habitants de Villiers-le-Bel ont une dignité. »

Pourtant, la tension est palpable tout au long du procès. Elle se matérialise dans les débats qui mettent en scène, selon les règles du rituel judiciaire, les avocats de la défense, ceux des parties civiles, le ministère public et la présidente, les plaignants et les policiers cités comme témoins. Elle est aussi visible dans le face-à-face des Crs et des jeunes qui souhaitent entrer dans la salle d’audience, les regards que les uns et les autres se portent, ou encore lorsque des journalistes sont invités à ne pas prendre des images à la dérobée. Tout le monde s’attend à des condamnations lourdes parmi les proches des accusés. Lors des plaidoiries des avocats de la défense, la démonstration de l’absence d’éléments probatoires ne fait que renforcer ce sentiment. « Y a que des Blancs ! C’est une justice de Blancs. » Au moment de la reprise des plaidoiries de la défense, samedi 4 juillet, les jeunes ont tous revêtus un t-shirt avec cette inscription : « Condamner un innocent, c’est le tuer. » Le procureur de la République, Madame de Givry, se rend alors au-devant d’eux pour leur demander de les enlever avant de rentrer dans la salle d’audience. En revanche, le t-shirt porté par les membres de l’association « Vigilance, respect, justice » avec l’inscription au dos « Rendre justice, c’est respecter la vérité », est passé à travers les mailles du filet. Le soir, après la suspension de séance, l’un des pères des accusés fait passer le message à une vingtaine de jeunes groupés autour de lui avec respect : « Lorsque le verdict sera prononcé, je ne veux pas entendre un bruit, pas une réaction, pas une insulte, rien. C’est là où ils veulent nous amener. C’est pour cela qu’il y a tout cela (désignant les forces de l’ordre). Mais nous n’irons pas là où ils veulent. Non ! C’est bien compris? »

Cette tension culmine lors de la longue attente du verdict. Jusque-là, avocats, policiers, jeunes de Villiers, militants, magistrats ont déambulé dans le centre-ville de Pontoise de façon improbable. Vers minuit, il y a près de 300 personnes qui attendent dans le hall du tribunal. La sélection pour rentrer dans la salle d’audience se fait au cas par cas. Décidé à laisser ma place, je rentre finalement parmi les derniers. La salle est bondée, le silence lourd. Une trentaine de Crs se sont positionnés entre le public et les accusés. La présidente commence la lecture du verdict. Il est deux heures du matin. Les accusés sont reconnus coupables. Le ministère public avait requis 20 ans contre Abderhamane et Adama Karama. Ils sont condamnés respectivement à 15 et 12 ans de prison. Ibrahim Saw et Mara Kanté risquaient 15 ans, ils sont condamnés à 9 et 3 ans d’emprisonnement. Quant à Samuel Lambalamba, qui comparaissait libre, il risquait 7 ans et est condamné à 3 ans de prison pour s’être rendu complice des tentatives de meurtres par fourniture d’une arme et de munitions. Immédiatement, des cris et des pleurs retentissent du public. Une jeune femme cherche à retenir l’émotion d’un jeune garçon, mais la sortie est rapide et la dispersion sans heurts, sous l’œil d’un demi-escadron de Crs qui a pris position en tenue anti-émeutes.

Logique de l’émeute

Lors de ses réquisitions au procès de Pontoise, le ministère public a souligné que l’accident de circulation qui a entraîné la mort de Moshin Sehhouli et Lakamy Samoura avait été un « prétexte » aux violences extrêmes qui ont suivi. Sans doute pour mieux justifier la logique de poursuite s’appuyant sur la qualification de tentatives de meurtres en bande organisée. Les propos suivants sont attribués aux émeutiers : « Deux jeunes sont morts. Pour cela, il y a deux flics qui doivent mourir. » Une telle affirmation, en vérité peu fondée, constitue une méconnaissance de la logique propre de l’émeute.

Comme l’ont montré les nombreux travaux qui ont été menés aux États-Unis, en Angleterre et en France, la plupart des émeutes urbaines qui ont éclaté depuis les années 1960 ont fait suite à des incidents avec la police impliquant la mort de personnes de couleur et/ou d’origine étrangère récente5. On pourrait multiplier les exemples, depuis les grandes émeutes dans les ghettos noirs américains des années 1960, en passant par celles qui éclatent en 1992, à Los Angeles, jusqu’aux événements survenus en Grande-Bretagne dans les inner cities, à Bristol en 1980, à Brixton en 1981 et 1985, puis dans les villes des Middlands dans les années 2000 (Bradford, Birmingham) sans oublier les premières « rébellions urbaines » qui émergent dans la banlieue lyonnaise, à Villeurbanne et Vénissieux, et selon la même logique, aux Minguettes, en 1980 et 1981, ou encore à Vaulx-en-Velin, en 19906. En France, la liste des jeunes issus de l’immigration qui ont été victimes de violences policières est longue : Aïssa Ichich, 18 ans et Youssef Kaïf, 23 ans (Mantes-la-Jolie, 1991), Makomé M’Bowole, 17 ans (Paris, 1993), Abdelkader Bouziane, 17 ans (Dammaries-les-Lys, 1997), Habid Ould-Mohammed, 17 ans (Toulouse, 1998), Ryad Hamlaoui, 20 ans (Lille, 2000), Mourad Belmokhatar, 17 ans (Nîmes, 2003), Ziad Benna, 17 ans et Bouna Traoré, 15 ans (Clichy-sous-Bois, 2005), Yakou Sanago, 17 ans (Bagnolet, 2009), etc. Le sentiment qu’il s’agit de « violences policières » est d’autant plus fort parmi les habitants des quartiers qu’elles sont restées impunies.

Les émeutes de 2005 font figure de tournant : d’un côté, elles s’inscrivent typiquement dans cette logique d’« émeute de la mort7 » ; d’un autre côté, elles s’en distinguent parce que l’on peut considérer que l’épisode des tirs de grenade lacrymogène à proximité de la mosquée de Clichy-sous-Bois, voire sur elle, a constitué un événement déclencheur fondamental, mais surtout parce qu’elles ont symbolisé une rupture de cadre et d’échelle : on a assisté à un phénomène national dont la construction politique permet de comprendre pour une large part la singularité. Autrement dit, un verrou a sauté.

Dans ce sens, l’effet 2005, c’est Villiers-le-Bel. Au point de départ, l’accident de circulation dont sont victimes les deux adolescents provoque immédiatement une forte émotion au sein d’une ville et de quartiers où les tensions sont récurrentes avec les forces de l’ordre. Lors des deux nuits d’émeutes qui suivent, les habitants s’en prennent violemment au commissaire divisionnaire venu sur place pour essayer de calmer les esprits, à des bâtiments publics (commissariat, centre des impôts, médiathèque, école maternelle, mairie) et privés (commerçants) ; ils brûlent des voitures et lancent divers projectiles (bouteilles, cocktails Molotov, tirs de mortier, couteaux de boucherie, etc.) sur les forces de l’ordre appelées en urgence, avant de tirer sur les policiers avec des armes à feu. Entre-temps, d’autres personnes venues des villes voisines se sont jointes aux émeutiers.

Les émeutes s’inscrivent toujours dans des histoires longues et des contentieux locaux. On sait ce que la relation jeunes/police a de traumatique depuis longtemps dans le contexte des banlieues réputées « sensibles8 ». Lors de nos enquêtes, que ce soit d’ailleurs de la part des jeunes ou des moins jeunes, des hommes comme des femmes qui ont parfois payé cher le fait de vouloir s’interposer ou simplement d’être là au moment d’une intervention de la police, il a été fait mention d’innombrables situations donnant lieu à des dérapages verbaux et des violences physiques. La montée en puissance des outrages en est un indicateur parmi d’autres. À Villiers-le-Bel, les jeunes se plaignent comme ailleurs des contrôles d’identité au faciès, des provocations verbales des forces de l’ordre qui constituent un engrenage sans fin. Mais il est nécessaire de prendre en compte les effets du contexte local. Ainsi, par exemple, les festivités du 14 juillet 2007 donnent lieu à une intervention rugueuse de la police. Le commissaire divisionnaire promet de sanctionner le policier mis en cause pour violences. Les jeunes présents lors de cet incident n’auront jamais de nouvelles de cette affaire. Lors de ce même été, c’est l’utilisation de quads et autres motos bruyantes dans les quartiers qui suscite des plaintes des habitants et l’intervention de la police. La veille du drame, des courses-poursuites ont lieu dans la ville.

Tous ces faits permettent de mettre en perspective les circonstances troublantes de l’accident qui a causé la mort de Moshun et Laramy : un véhicule de police qui roule à plus de 50 km, sans gyrophare ni avertisseur, suite à une accélération (de 54 km/h à 66 km/h) ; non pas une mais deux voitures, à la recherche de jeunes délinquants qui auraient volé un Gps. Tout cela, on l’apprendra après9. Mais au moment de l’accident, la méfiance à l’égard de la police est telle que des rumeurs circulent très vite. Tout le monde a aussi en tête les événements de Clichy-sous-Bois. L’histoire se répète sous forme de tragédie. Des policiers qui fuient le lieu de l’accident, des pompiers qui tardent à arriver, des corps introuvables par les familles, laissés à même le sol dans la caserne : tous ces éléments renforcent la colère. Par ailleurs, les déclarations rapides du ministre de l’Intérieur consistent à exonérer les forces de l’ordre de toute responsabilité, ce qui a pour effet – typique là encore – de décupler la colère des habitants. Ces déclarations sont reprises en boucle par les médias.

Villiers-le-Bel : une ville pauvre, des quartiers-ghettos

Si l’émeute est l’expression d’un sentiment d’injustice de ceux qui n’ont pas d’autres moyens pour se faire entendre, ce sentiment d’injustice a des causes profondes. Situé dans le Val-d’Oise, département en partie rural, qui recoupe des configurations urbaines bien différentes de celles rencontrées par exemple dans les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis, Villiers-le-Bel est tout d’abord une ville structurellement pauvre. Ainsi, pour prendre quelques indicateurs, les revenus moyens étaient de 6 500 euros à Villiers-le-Bel, 8 500 euros à Clichy-sous-Bois, contre 12 000 euros en moyenne dans les zones urbaines sensibles d’Île-de-France. 60 % des dépenses de fonctionnement de la ville proviennent de dotations de la ville, 40 % de la fiscalité. Dans des villes proches comme Gonesse, c’est l’inverse. Comme le dira le directeur des services de la ville, « le problème c’est que la ville n’arrive plus à payer les 40 % restant ». Il s’agit d’une ville qui comprend d’importantes concentrations de populations dans trois quartiers : les Carreaux, le Puits la Marlière (Plm) et Derrière les murs de Monseigneur (Dlm). Les sites les plus en difficultés sont, comme on l’observe à Clichy-sous-Bois, des copropriétés. Villiers-le-Bel n’est pas un cas isolé. Au cours de ces dernières années, on a assisté à une dégradation économique et sociale des conditions de vie. C’est ce qui se dégage du dernier rapport de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles rendu public en novembre 2009. Selon l’Observatoire, 33, 1 % des habitants des Zus vivent en dessous du seuil de pauvreté (908 euros) contre 12% pour le reste du territoire. La part des jeunes actifs sans diplôme ou de diplôme inférieur au bac est en moyenne, entre 2003 et 2008, de 66, 2% contre 50, 4 %. Le taux de chômage des hommes de 15 à 24 ans atteint 41%, à la différence des femmes du même âge qui est passé en dessous de la barre des 30 %. Telle est la toile de fond qui conduit à penser les émeutes comme l’expression du « retour » de la question sociale.

Une deuxième dimension fondamentale est d’ordre ethnoracial. Non seulement il s’agit d’une ville où l’on observe une surreprésentation des moins de 25 ans (40%), mais une forte concentration de jeunes d’ascendance immigrée. Leur proportion est passée de 22% à 65%, de 1975 à 200510. Dans certains quartiers, comme Derrière les murs de Monseigneur ou la Zac, les effets de la relève démographique sont remarquables : la population d’Afrique subsaharienne est fortement concentrée dans les logements Hlm et les copropriétés, parcs de logements sur lesquels la ville a une très faible emprise. Cette concentration ethnique est plus que visible. Dans la rue, les cafés, les bus, les Blancs sont rares. Lors d’une réunion à laquelle nous avions assisté en 2008 avec Matthew Moran en vue de la préparation de la commémoration du 25 novembre 2007, sur une centaine de participants, la plupart étaient noirs. Dans les services de la ville, nous expliquera une élue, trois quarts des animateurs sont des « jeunes beurs et blacks », alors qu’à la direction générale, ils sont tous « bien blancs ». Il s’agit donc de clivages sociaux et ethniques qui se redoublent dans différents lieux. Là encore, ce processus de concentration ethnique est loin d’être isolé. Comme le montre la démographe Michèle Tribalat, en 2005, la proportion de jeunes d’origines étrangères dépasse 60% dans 60 villes en Île-de-France qui défrayent régulièrement la chronique. Dans certaines villes, comme à Grigny, la proportion de jeunes d’origine subsaharienne a été multipliée par trois. Ce phénomène s’accompagne d’une forte expérience de la discrimination qui se cristallise dans le rapport avec la police mais qui se traduit aussi à l’égard d’autres institutions, à commencer par l’école et l’emploi. Ceci explique que les jeunes, mais aussi leurs parents, se sentent comme des citoyens de seconde zone. On comprend aussi la prégnance de la « culture de la rue » et de ses modes de socialisation déviante.

Une troisième dimension à prendre en compte concerne les logiques institutionnelles. La mairie a mis en place un maillage serré du territoire à travers quatre maisons de quartier qui visent à encadrer la jeunesse populaire et leurs familles. Selon certains intervenants, cette politique a contribué à une « quartiérisation » de la vie sociale, c’est-à-dire à renforcer l’enfermement des habitants et les rivalités interquartiers. C’est aussi une politique des « grands frères » qui a été mise en œuvre. On en connaît les grands principes : produire un ordre social local en faisant de la proximité territoriale et ethnique le garant de l’efficience, et ce faisant, favoriser la promotion sociale de jeunes leaders pouvant servir de relais, de médiateurs ou d’informateurs. Mais on en sait aussi les limites : acheter la paix sociale sur la base de négociations douteuses, susciter la duplicité des « grands frères » entre le pouvoir et la rue. Adama Kamara en particulier a cherché à jouer sur les deux tableaux : médiateur d’un côté, prestataire de services en matière de gardiennage de l’autre. Il nourrissait des ambitions politiques auprès du PS que, faute de résultats, il a cherché à concrétiser avec l’Ump, à Sarcelles.

Par ailleurs, la stratégie de la police suscite des interrogations. Bien avant 2007, les gardiens de la paix n’entraient plus dans la Zac de Villiers-le-Bel et, lorsqu’ils le faisaient, c’était à quinze voitures, racontent certains habitants. Le commissaire divisionnaire serait parvenu à tisser des liens privilégiés avec certaines figures de la Zac décrites par les plus jeunes comme les « tours de contrôle » : « Tenez vos petits et tout se passera bien ! » C’est aussi ainsi qu’on construit la figure des « caïds » dans les esprits, avec cette idée qu’ils tiennent les cités, comme jadis les chefs de tribus tenaient les indigènes dans les anciennes colonies. Il s’agit typiquement d’une construction imaginaire postcoloniale.

En réalité, parmi les plus jeunes, le sentiment est qu’aujourd’hui, dans les cités, personne ne contrôle plus personne. La rupture est consommée entre les « petits » (les 12-16 ans et plus) et les « grands » (20-30 ans). Les jeunes garçons ont bien du mal à « tenir » leurs sœurs, d’où des embrouilles sans fin qui débouchent aussi parfois sur des violences extrêmes. Mais c’est aussi le clivage entre la génération des parents qui ont immigré et la génération des enfants nés et socialisés en France qui s’est durci, même s’il existe des variations selon l’histoire sociale des vagues migratoires et leur implantation. Dire cela ne veut pas dire qu’à Villiers-le-Bel comme ailleurs, il n’existe pas des mécanismes de contrôle informel qui fabriquent de la cohésion sociale. Il y a – quoi qu’on en pense – des régulations communautaires dans les quartiers qui passent par des associations culturelles et cultuelles, s’appuient sur des leaders communautaires reconnus des acteurs locaux et consultés par la population. Il y a des lieux où se matérialisent ces régulations et les conflits qu’elles suscitent, comme les centres sociaux, les mosquées, les conseils de communautés. Mais l’ambivalence des pouvoirs publics est de reconnaître implicitement l’existence de ces régulations informelles tout en déniant leur légitimité officielle par un travail de disqualification symbolique qui les rejette du côté du « communautarisme ».

Au fond, ces trois dimensions – sociale, ethnique, institutionnelle – s’apparentent aux logiques du ghetto telles qu’elles ont été analysées par Didier Lapeyronnie. Celui-ci montre que la formation du ghetto dans les banlieues françaises est le produit de facteurs à la fois externes et internes11. D’un côté, les habitants du ghetto ne se vivent pas seulement comme des pauvres ou des exclus, ils ont le sentiment profond d’être des « colonisés » :

Définis par le regard et les catégories extérieures et dominantes, ils intériorisent ce regard et ces catégories se trouvent « déréalisées » par la façon dont ils sont traités12.

Il s’agit donc d’une sociologie d’un groupe dominé et racialisé. Mais d’un autre côté, le ghetto est défini comme un monde social, ou plutôt un « contre-monde » ; il est caractérisé par ses modes de vie particuliers, ses visions du monde organisées autour de valeurs qui lui sont propres, ses logiques de fonctionnement. On l’observe tout particulièrement à travers la circulation des rumeurs, l’économie des réputations, les embrouilles, lesquelles constituent une forme originale de lien social fondé sur la solidarité et la dette13. Sans rentrer ici dans le détail du débat académique sur les figures du ghetto en France et aux États-Unis14, ces mécanismes sont importants car ils permettent de comprendre comment certains personnages des quartiers de Villiersle-Bel ont été très rapidement accusés par divers témoignages, qu’il s’agisse de témoins anonymes ou de témoins directs. Plusieurs éléments indiquent par exemple que la famille Kamara a déménagé plusieurs fois suite à des plaintes de locataires. Bien des habitants de la Zac avaient un contentieux plus ou moins ancien avec les frères Kamara.

Logique d’État

Cependant, ni le racisme ambiant ni ces fonctionnements ne suffisent à comprendre les enjeux d’un tel procès. Ces éléments d’analyse révèlent en quoi, en dépit des dénégations, ce procès a été aussi celui des « banlieues ». En témoigne la connaissance approximative du monde judiciaire ne percevant ces dernières qu’à travers une série de stéréotypes de représentations (guérilla urbaine, caïds, dealers, « barbus », etc.) largement partagés aujourd’hui dans l’ensemble de la société française. On peut penser que l’entretien de ces stéréotypes conforte la logique de l’accusation et légitime une stratégie de criminalisation des milieux populaires « ethnicisés ». Mais, précisément, on peut aussi dire que ce qui était en jeu depuis le début de ces émeutes, c’est la définition de l’État comme dépositaire du « monopole de la violence physique légitime », selon la célèbre définition de Max Weber.

Dès le 26 novembre 2007, le président Sarkozy a donné le ton. S’adressant aux enquêteurs, il déclare :

Mettez les moyens que vous voulez, ça ne peut pas rester impuni. […] Les policiers ont fait face à des voyous armés qui, s’ils ont tiré, avaient l’intention de blesser ou de tuer.

Le ministère public dans ses réquisitions ne dira pas autre chose :

Je ne vous demande pas de prononcer un jugement exemplaire. Notre société ne peut accepter que l’on tire sur des policiers qui sont garants de la paix sociale.

De ce point de vue, on pourrait rapprocher les émeutes de Villiers-le-Bel de l’assassinat du préfet Érignac en Corse. Les avocats de la défense ont démontré l’absence de preuves matérielles, l’incohérence des témoignages, le caractère invraisemblance des conditions de reconnaissance. Ils ont souligné le caractère atypique de cette enquête, tout entière fondée sur la parole : récits d’expérience des policiers qui ont bien cru ne pas ramener tous leurs hommes ; témoignages sous X qui n’ont fait l’objet d’aucune vérification et sur lesquels la défense n’a aucune prise ; témoins assistés qui, au moment des faits, auraient été tireurs ou se sont avérés être des informateurs de police. Rien n’y a fait. Tout du moins, si en droit pénal, le bénéfice du doute profite aux accusés, il a pu amoindrir quelque peu les peines requises. Il était difficile de ne pas condamner, même s’il n’est pas sûr que les « bonnes personnes » étaient dans le box. Un des accusés l’a répété : « Nous devrions être cinquante ou cent ! » Dans la dernière plaidoirie, maître Arapian ne s’y est pas trompé : « On vous demande de mater cette révolte. Renvoyez au politique la responsabilité de la réponse qu’il vous demande. La justice c’est autre chose. »

À la logique de l’émeute est venue répondre la logique de l’État. C’est pourquoi l’affaire de Villiers-le-Bel ne met pas seulement en scène le procès des banlieues mais comporte une dimension politique fondamentale. Mais que faut-il entendre par politique ? Reprenons Weber :

Nous entendrons uniquement par politique la direction du groupement politique que nous appelons aujourd’hui « État », ou l’influence que l’on exerce sur cette direction. Mais qu’est-ce qu’un groupement « politique » du point de vue du sociologue ? Qu’est-ce qu’un État ? […] Celui-ci ne se laisse définir sociologiquement que par le moyen spécifique qui lui est propre, ainsi qu’à tout groupement politique, à savoir la violence physique. […] Depuis toujours, les groupements politiques les plus divers – à commencer par la parentèle – ont toujours tenu la violence physique pour le moyen normal du pouvoir. Par contre, il faut concevoir l’État contemporain comme une communauté humaine qui, dans les limites d’un territoire déterminé – la notion de territoire étant l’une de ses caractéristiques –, revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime. Ce qui est en effet le propre de notre époque, c’est qu’elle n’accorde à tous les autres groupements, ou aux individus, le droit de faire appel à la violence que dans la mesure où l’État le tolère : celui-ci passe donc pour l’unique source du « droit » à la violence15.

Ce qui a changé, c’est que l’État est en crise. À mesure que l’État a perdu sa légitimité comme opérateur économique et social, il a cherché à mettre en avant la sécurité publique. Depuis le milieu des années 1990, on assiste à un recul de l’État social et une montée en puissance de l’État sécuritaire qui a trouvé dans la situation des quartiers populaires, rebaptisés zones urbaines sensibles, un terrain d’expérimentation et un terreau idéologique très rentables électoralement. La droite a su capter cette tendance, au nom du réalisme, dénonçant l’angélisme de la gauche, et assurer la victoire à ses candidats depuis quinze ans.

Dans le cas de Villiers-le-Bel, la forme même du procès conduit à reconnaître sa dimension politique, au sens où elle met en jeu directement l’État. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs l’accusation a mis l’accent non pas seulement sur des « tireurs » mais sur des « meneurs » ou des « caïds ». Décrits comme les « rois de la Zac », ceux-ci sont donc accusés d’organiser la sédition. C’est peut-être là tout le paradoxe d’un État qui ne cesse de dépolitiser les violences urbaines mais est contraint, pour « s’assurer le succès du monopole de la violence physique légitime », d’organiser un procès qui est politique dans son exemplarité. Autrement dit, on ne cherche pas seulement une vérité judiciaire. Le ministère public l’a dit lui-même dans ses réquisitions en considérant que le verdict des jurés ne sera fondé que sur leur intime conviction, même au prix d’une « erreur judiciaire ». Mais on cherche aussi une vérité politique dans cette affaire.

Cette logique d’État a des implications très concrètes. D’un côté, elle conforte les institutions policières et pénales soumises à l’épreuve de nombreux dysfonctionnements et de scandales ; elle permet à la police de sortir honorablement de cet épisode. Ceci est capital dans un contexte où la violence des rapports sociaux est loin de se réduire aux marges urbaines, dont elles constituent une forme exacerbée comme le suggère la rubrique des faits divers attestant la multiplication des tirs sur les fonctionnaires et l’usage d’armes à feu pour régler des différends entre bandes et quartiers. Mais, d’un autre côté, cette logique alimente la « rage », l’écœurement, le sentiment d’injustice des jeunes et des familles, et plus largement des habitants des quartiers qui ont l’impression d’être laissés pour compte.

Ce sentiment est d’autant plus prononcé aujourd’hui que les politiques publiques envers les « banlieues » semblent avoir peu de prises sur la situation sociale des habitants des quartiers. Force est de constater que la réponse policière et pénale ne suffit pas, qu’elle contribue même à renforcer les tensions. La politique de rénovation urbaine n’a pas produit les effets escomptés, malgré l’importance des moyens mis en œuvre. Ne parlons pas du « plan espoir banlieue » qui relève plus d’une opération de communication qu’une action publique cohérente soutenue par une volonté politique et des moyens à la hauteur des enjeux. Si l’on ajoute la fermeture du système politique, qui bloque la représentation de la « diversité », mais aussi tout dialogue, on comprend alors pourquoi la démocratie représentative ne fonctionne pas bien. D’où la violence collective, qui est toujours l’expression de ceux qui sont privés de représentation politique. D’où aussi l’opportunisme des militants mais aussi des électeurs, qui passent d’un bord à l’autre de l’espace de la représentation du fait de l’absence de légitimité des normes et des systèmes institutionnels auxquels ils ne participent pas.

L’ultime paradoxe, c’est que les habitants des quartiers et cités de banlieues sont épris de justice. Qu’ont fait ceux de Clichy-sous-Bois pour sortir de la crise en 2005 ? Ils ont eu recours au droit en allant solliciter un avocat16, et ils ont fondé une association, « Au-delà des mots ». Qu’ont fait ceux de Villiers-le-Bel en 2007 ? La même chose, et ils ont créé une association « Vigilance, respect, justice ». La protestation n’est pas qu’émeutière. À l’image des marches silencieuses, elle concerne aussi toute la population. Les accusés ont été condamnés17. Mais qui rendra justice aux victimes ? La mobilisation contre la violence continue.

  • *.

    Professeur de sociologie à l’université Nancy 2, chercheur au Laboratoire lorrain de sciences sociales (Lasures).

  • 1.

    J’ai en effet été cité comme témoin par la défense, afin de restituer le contexte sociologique des émeutes urbaines et les caractéristiques de la vie sociale dans les quartiers pauvres des banlieues françaises. Présent le premier et le troisième jour, j’ai témoigné le 23 juin au soir, suite à quoi j’ai suivi les débats lors des quatre derniers jours du procès jusqu’au verdict.

  • 2.

    Cette enquête de terrain a été particulièrement développée par Matthew Moran, The Republic and the Riots: Exploring Urban Violence in French Suburbs (2005-2007), Ph.D, Department of French, University College London, 2009.

  • 3.

    Voir les analyses nombreuses qui ont été consacrées à ces événements, et en particulier Hugues Lagrange et Marco Oberti (sous la dir. de), Émeutes urbaines et protestations. Une singularité française, Paris, Éd. Sciences-Po, 2006. Voir aussi la perspective originale d’Alain Bertho, le Temps des émeutes, Paris, Bayard, 2009.

  • 4.

    Voir Michel Kokoreff, Sociologie des émeutes, Paris, Payot, 2008.

  • 5.

    Didier Lapeyronnie, « Les émeutes urbaines, en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis », Regards sur l’actualité, Paris, La Documentation française, no 319, 2006.

  • 6.

    Mike King, Fabien Jobard et Dave Waddington (eds), Rioting in the UK and France, Londres, Willan, 2009.

  • 7.

    Éric Macé, « 2005-2007 : violences urbaines ou émeutes de la mort ? Les récits journalistiques à l’épreuve des stratégies de communication », Médiamorphoses, no 24, 2008.

  • 8.

    Voir le travail pionnier de Dominique Monjardet et l’interview accordée en 2006, « La crise de l’institution policière ou comment y faire face ? », Mouvements, mars-avril 2006, no 44, ainsi que, dans le même numéro, Marwan Mohammed et Laurent Mucchielli, « La police dans les quartiers : un vrai problème ! ». Lire aussi Fabien Jobard, « Police, justice et discriminations raciales », dans Éric Fassin et Didier Fassin (sous la dir. de), De la question sociale à la question raciale ?, Paris, La Découverte, 2007.

  • 9.

    Alors qu’un non-lieu avait été prononcé contre le policier qui conduisait le véhicule, rappelons que la chambre d’accusation a rejeté cette décision et demandé la réouverture d’une instruction en avril 2010.

  • 10.

    Michèle Tribalat, les Yeux grands fermés, Paris, Denoël, 2010.

  • 11.

    Didier Lapeyronnie, Ghetto urbain, Paris, Robert Laffont, 2008.

  • 12.

    D. Lapeyronnie, Ghetto urbain, op. cit., p. 17.

  • 13.

    Voir M. Kokoreff, la Force des quartiers, Paris, Payot, 2003.

  • 14.

    Voir les travaux de Loïc Wacquant, et notamment, Parias urbains, Paris, La Découverte, 2006.

  • 15.

    Max Weber, le Savant et le politique, Paris, Plon, 1959, p. 112-113.

  • 16.

    Voir le récit de Jean-Pierre Mignard et Emmanuel Tordjman, l’Affaire Clichy, Paris, Stock, 2006.

  • 17.

    Trois des accusés ont fait appel. Il devrait donc y avoir un nouveau procès, probablement au tribunal de Nanterre.