
De la démocratie en France
En finir avec les faux-semblants
La démocratie française révèle aujourd’hui des insuffisances structurelles, qui la rendent inapte à affronter les crises écologique, sociale et sanitaire. Face à cette décomposition, il est urgent de prendre à bras-le-corps la question démocratique et de redonner sa place à la délibération.
La démocratie française va mal. Les citoyens et les savants convergent pour une fois dans leur jugement. Enquête après enquête, le sentiment de n’être pas bien gouverné s’exprime chez les premiers1 quand les seconds, livre après livre, diagnostiquent la fin prochaine d’un régime moribond. Le constat n’est nullement spécifique à la France, et les analyses les plus pertinentes de la déconsolidation des systèmes démocratiques nous viennent des États-Unis, où l’assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021 a marqué un point de rupture2.
Les symptômes et les multiples pathologies des démocraties en Occident sont clairement identifiés : dévitalisation des institutions classiques de la représentation politique (assemblées parlementaires, médias, syndicats, partis politiques) ; défiance croissante vis-à-vis des élites sociales, intellectuelles et politiques ; désintermédiation des relations sociales et affaiblissement des corps intermédiaires ; brutalisation du débat public sur les réseaux sociaux comme dans les espaces de discussion les plus traditionnels ; poids de plus en plus important des groupes d’intérêts et des acteurs du monde économique et financier dans la décision politique ; montée en puissance des exécutifs ; régression des libertés publiques… Sans faire ici l’inventaire exhaustif des causes de ce malaise démocratique, il suffit