Le lien entre générations à l’épreuve du virus
Ces derniers mois, l’allongement des files d’attente d’étudiants venus chercher une aide alimentaire a marqué les esprits, tout comme le suicide de plusieurs d’entre eux dans leurs résidences universitaires. L’expression de « génération sacrifiée » a refait son apparition, pour qualifier celle que les mesures de lutte contre l’épidémie privent autant de vie sociale que de perspective d’étude ou d’emploi. Non sans soulever quelques débats : certains n’ont pas hésité à rappeler que la Covid tue d’abord les personnes âgées et que vivre quelques mois difficiles pour protéger leurs aînés est le moins que l’on puisse attendre des plus jeunes. On se souvient pourtant du tollé déclenché au printemps dernier par l’idée de confiner les seuls seniors, pour permettre au reste de la société de reprendre une vie normale.
Qui est véritablement à plaindre et, surtout, à terme, qui « paiera » ? Cette question n’est pas nouvelle : les débats sur la réforme du système de retraites ou sur la lutte contre le changement climatique la soulèvent également. Mais dans le contexte de la crise sanitaire, elle apparaît particulièrement mal posée. Faut-il vraiment que les générations s’affrontent, parce qu'elles auraient des intérêts irrémédiablement divergents ? Cette lecture économiciste des liens sociaux ne vaut plus; l’épidémie nous aura douloureusement montré que nous avons besoin de nouveaux rapports de reconnaissance et de dons entre générations, qui nous réinscrivent dans le temps long.
La rédaction