L’école au cœur de la cité
Ces dernières semaines, alors que le gouvernement semblait chercher l’équilibre entre les mesures nécessaires pour endiguer la troisième vague épidémique et la lassitude extrême de la population après un an d’interdictions et de restrictions, la question de l’école s’est retrouvée au centre des débats. Il est vrai que la France s’est distinguée de ses voisins en ne fermant pas les écoles depuis septembre, y compris pendant les périodes de confinement. Et il faut sans doute y voir la marque de notre rapport singulier à l’institution scolaire.
Dans un dossier de 1982 intitulé « Enseigner quand même », Guy Coq et Paul Thibaud rappelaient que l’école française est indissociable d’un projet de citoyenneté idéale : émancipatrice dans l’élan révolutionnaire et sous la IIIe République, creuset de la démocratie et de l’ascension sociale par le savoir après la Seconde Guerre mondiale. Dans une société qui doute d’elle-même, l’école devient la caisse de résonnance de tous ses maux – inégalités, sentiment de délitement de la cohésion sociale – en même temps qu’elle se trouve chargée de les régler. Pour cette raison, fermer les écoles sonne, chez nous plus qu’ailleurs, comme un aveu d’échec.
La crise sanitaire a posé des défis redoutables à l’école, comme à la société dans son ensemble. Reste à savoir si les réponses apportées par la mobilisation des communautés éducatives ouvriront les chantiers de transformation durable dont l’école a besoin. Pour l’heure, le retour de la garde des enfants et de l’école à la maison, qui avaient constitué pour de nombreuses familles l’expérience marquante du premier confinement, nous rappellent la place centrale qu’occupe l’école dans la vie de la cité.
La rédaction