Une Allemagne vulnérable ?
Le Bundestag allemand a adopté en fin de semaine dernière une nouvelle série de restrictions sanitaires, particulièrement controversées. C’est le cas notamment de l’instauration d’un couvre-feu national, qui sonne comme un affront fait aux Länder dans un pays où le fédéralisme est au centre de la culture politique.
La même semaine, les conservateurs allemands de la CDU-CSU ont fini par choisir Armin Laschet, au terme d’un processus houleux, comme chef de file pour briguer la succession d’Angela Merkel aux élections législatives de septembre. Sa crédibilité est fragile, et tandis que l’attractivité des socio-démocrates (SPD) continue de s’éroder, ce sont les Verts qui arrivent pour l’heure en tête dans les sondages. Comme ailleurs en Europe, les partis traditionnels sont fragiles, et la polarisation de l’électorat s’accroît.
L’ambiance a décidément changé Outre-Rhin. Alors qu’il y a un an l’Allemagne faisait encore figure de modèle dans la gestion de la crise, ce n’est plus le cas. Au point que la fin du règne d’Angela Merkel semble marquer la fin d'une certaine exceptionnalité allemande. Qu’il s’agisse des transformations de son paysage politique, des tensions internes à sa société, ou de son rapport à l’Europe, l’Allemagne rencontre désormais des difficultés proches de celles de ses voisins. Si cette perspective est menaçante, on peut néanmoins y voir, avec le philosophe Jürgen Habermas, l’occasion d’éprouver et d’approfondir une communauté de destins en Europe.
La rédaction