L’accueil, l’éthique et le droit
La Défenseure des droits, Claire Hédon, et le président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), Jean-François Delfraissy, ont lancé début juin un appel conjoint sur « l’invisibilité grandissante et préoccupante des personnes exilées en Île-de-France ». Ils s’inquiètent d’une dégradation de leurs conditions d’accueil et de la persistance parmi eux du « sans-abrisme ». Ils dénoncent une stratégie de dispersion – souvent violente – de ces personnes, qui constitue autant un traitement dégradant qu’une façon de les empêcher d’accéder à leurs droits fondamentaux : être hébergé, soigné, scolarisé, et demander l’asile.
Il faut entendre cet appel. Alors que le débat sur la question migratoire consiste souvent à opposer un prétendu angélisme à un supposé réalisme, la Défenseure des droits et le CCNE rappellent que l’accueil des personnes exilées nous engage sur le plan juridique, et pas seulement sur celui des valeurs ou de l’appréciation politique. S’il revient bien à l’État de déterminer souverainement qui a droit au séjour et qui n’y a pas droit, ou qui peut être citoyen à quelles conditions, il a cependant l’obligation de le faire conformément à des principes, au nombre desquels figure l’inconditionnalité de l’accueil.
Ce n’est pas renoncer à nos prérogatives en tant que communauté politique que d’avoir le courage de l’hospitalité, qui consiste à venir en aide à des hommes et des femmes en détresse. L'éthique et le droit nous commandent de tenir ces deux exigences, ensemble.
La rédaction