Revue Esprit
Vendredi 28 janvier 2022

Reconnaître le génocide, et après ?

L’Assemblée nationale française a reconnu le 20 janvier le « caractère génocidaire » des violences exercées contre les Ouïghours en Chine. La résolution n’a de portée que symbolique, mais en montrant qu’il n’y a plus lieu de reculer devant le terme de génocide, tel que défini par la Convention internationale de 1948, les députés français ont peut-être ouvert une nouvelle phase dans nos relations avec la Chine. Si celles-ci sont évidemment appelées à se poursuivre, ce sera en connaissance de cause. 

Depuis plusieurs années, les preuves des crimes perpétrés contre les Ouïghours s’accumulent. Un tribunal ouïghour réuni à Londres a ainsi recueilli méthodiquement les témoignages d’anciens détenus et d’experts qui attestent des « emprisonnements, actes de tortures, viols, violences sexuelles, stérilisations forcées et autres actes inhumains » pratiqués au Xinjiang. Une plainte de plusieurs organisations françaises de défense des droits de l’homme contre des géants du textile accusés d’avoir profité du travail forcé des Ouïghours en Chine a également conduit à l’ouverture d’une enquête, fin juin 2021, par le Parquet national antiterroriste pour « recel de crime contre l’humanité ».

À quelques jours de l’ouverture des Jeux olympiques de Pékin, la Chine s’est contentée pour l'heure de dénoncer une « ingérence étrangère » dans ses affaires intérieures, soulagée peut-être que le mouvement de boycott initié dès le printemos dernier par le Canada n’ait pas pris plus d’ampleur. Face à la puissance chinoise, et à l’évolution du régime de Xi Jinping, les marges de manœuvres sont certes contraintes, mais pas pour autant inexistantes. Si les mobilisations de l’opinion internationale, l’imposition aux entreprises d’un devoir de vigilance, les mesures de boycott ou de sanctions contre des responsables politiques ont une chance quelconque d’enrayer la mécanique du pire, il est de notre devoir d’essayer.

La rédaction

Le génocide des Ouïgours. Aboutissement d’un projet colonial

Dilnur Reyhan, juillet-août 2021 > Lire

De longue date la région ouïgoure a connu une colonisation de peuplement, visant l’appropriation des terres et l’élimination de la culture autochtone. Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, la criminalisation de la population, les camps de concentration et les campagnes de stérilisation autorisent à parler d’un génocide.

Les infrastructures de l’internement en région ouïghoure

Cloé Drieu, janvier-février 2022 > Lire

La politique d’internement des populations musulmanes du Xinjiang pourrait concerner jusqu’à 3, 5 millions de personnes. Elle n’est que l’un des volets d’une vaste ingénierie ethnique mise en œuvre par l’État chinois. Du point de vue du droit, le génocide ouïghour ne fait plus de doute.

Aux couleurs de la Chine

Hamit Bozarslan Anne-Lorraine Bujon,
décembre 2020 > Lire

Source d’inquiétude autant que de fascination, la Chine continue de représenter une énigme. Le socialisme « aux couleurs de la Chine » conjugue désormais un capitalisme sauvage avec un pouvoir ultra-centralisé, dans une synthèse politique inédite.

Peut-on encore penser en Chine ?

Anne Cheng, janvier 2021 > Lire la vidéo

Est-il encore seulement permis de penser dans la Chine des années 2020 ? Objet de fascination et de craintes, la Chine a envahi notre horizon, mais il reste très difficile de distinguer, dans la déferlante de nouvelles qui nous arrivent de et sur la Chine, d’autres voix que celles des médias et des puissants de ce monde.

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