Reconnaître le génocide, et après ?
L’Assemblée nationale française a reconnu le 20 janvier le « caractère génocidaire » des violences exercées contre les Ouïghours en Chine. La résolution n’a de portée que symbolique, mais en montrant qu’il n’y a plus lieu de reculer devant le terme de génocide, tel que défini par la Convention internationale de 1948, les députés français ont peut-être ouvert une nouvelle phase dans nos relations avec la Chine. Si celles-ci sont évidemment appelées à se poursuivre, ce sera en connaissance de cause.
Depuis plusieurs années, les preuves des crimes perpétrés contre les Ouïghours s’accumulent. Un tribunal ouïghour réuni à Londres a ainsi recueilli méthodiquement les témoignages d’anciens détenus et d’experts qui attestent des « emprisonnements, actes de tortures, viols, violences sexuelles, stérilisations forcées et autres actes inhumains » pratiqués au Xinjiang. Une plainte de plusieurs organisations françaises de défense des droits de l’homme contre des géants du textile accusés d’avoir profité du travail forcé des Ouïghours en Chine a également conduit à l’ouverture d’une enquête, fin juin 2021, par le Parquet national antiterroriste pour « recel de crime contre l’humanité ».
À quelques jours de l’ouverture des Jeux olympiques de Pékin, la Chine s’est contentée pour l'heure de dénoncer une « ingérence étrangère » dans ses affaires intérieures, soulagée peut-être que le mouvement de boycott initié dès le printemos dernier par le Canada n’ait pas pris plus d’ampleur. Face à la puissance chinoise, et à l’évolution du régime de Xi Jinping, les marges de manœuvres sont certes contraintes, mais pas pour autant inexistantes. Si les mobilisations de l’opinion internationale, l’imposition aux entreprises d’un devoir de vigilance, les mesures de boycott ou de sanctions contre des responsables politiques ont une chance quelconque d’enrayer la mécanique du pire, il est de notre devoir d’essayer.
La rédaction