Mémoire, racisme et politique
En quelques semaines, la vague de colère qui a suivi la mort de George Floyd aux États-Unis s’est mondialisée. Ouvrant le débat sur l’existence du « racisme structurel » au sein de nos sociétés, elle a également convoqué, dans de nombreux pays, les enjeux de mémoire et de rapport à l’histoire colinale et à celle de l'esclavage.
La grammaire des signes de la révolte se mondialise elle aussi et, après le genou à terre symbolisant le refus des violences policières, les déboulonnages de statues de personnages emblématiques de ce passé colonial se multiplient, de Christophe Colomb à Victor Schœlcher, en passant par Léopold II. Cette pratique ancienne, qui conteste une certaine écriture de l’histoire dans l’espace public, pose à chaque fois la question de la fabrique continue, souvent conflictuelle, du récit qu’une société se donne d’elle-même. Elle touche à ce que le philosophe Paul Ricœur appelait « l’énigme que la mémoire laisse en héritage à l’histoire ».
Mais les événements actuels rapprochent le débat sur la question coloniale d’un autre, tout aussi brûlant, sur la question raciale. Or si la colonisation ou l’esclavage ont bien à voir avec la question du racisme, la revendication – aujourd’hui – d’une condition humaine « racisée », dépositaire de ce passé douloureux, ouvre de nombreuses questions. Une part importante de l’avenir de nos communautés politiques se joue sur les réponses que nous serons capables d’y apporter.
La rédaction