Une Constitution sur mesure
Trente ans après la chute de l’Union soviétique et les premières élections libres en Russie, un « vote des citoyens du pays » a entériné cette semaine la réforme de la Constitution qui permet à Vladimir Poutine de rester au pouvoir jusqu’en 2036.
On ne saurait être tout à fait surpris de ce nouvel épisode, qui consacre un peu plus le caractère autoritaire et personnel du pouvoir russe. Des amendements prévoient également l’inscription de la référence à Dieu et à la famille traditionnelle dans la Constitution, renforçant le récit national de continuité avec « l’empire des tsars » que Poutine n’a eu de cesse d’affirmer. Quant à la prééminence de la loi russe sur le droit international ou l’interdiction constitutionnelle de contester l’intégrité territoriale de la Russie, elles sont à l’image de l’affirmation agressive de la Russie sur la scène internationale ces dernières années.
À défaut de s’étonner, il faut continuer de s’inquiéter de cette évolution. D’abord parce que la Russie de Vladimir Poutine entend poursuivre ses offensives à l’étranger, ce dont la crise de Crimée ou la guerre en Syrie ont témoigné. Ensuite parce que les phénomènes à l’œuvre en Russie trouvent des échos dans bien d’autres pays : de la collusion du pouvoir avec les intérêts économiques à la désinformation massive rendue possible par un usage politique des algorithmes dans un contexte de fragilisation de la presse, en passant par l’influence grandissante des institutions religieuses les plus conservatrices. De ce point de vue, la Russie contemporaine n’est pas un « autre monde », mais l’un des visages inquiétants de celui que nous connaissons.
La rédaction