Jeunesses antiracistes
Alors que la France s'installe dans un second confinement, le plus souvent à reculons, comment ne pas penser en particulier à la jeunesse ? Très loin de l'insouciance, de l'espoir et de la légèreté que l'on associe volontiers à cet âge de la vie, nombre d'adolescents et de jeunes adultes se trouvent soudain privés de sociabilité, de projets, et tout simplement d'horizon.
Au printemps dernier déjà, alors que l'on sortait tout juste de longues semaines de confinement, une vague de manifestations démarrées en solidarité avec le mouvement Black Lives Matter aux États-Unis avait donné la mesure du sentiment d'injustice et de révolte qui anime toute une partie de la jeunesse de France, notamment dans les quartiers populaires, où la promesse républicaine d'égalité est mise à mal par la dureté de la réalité sociale. Un sentiment d'injustice loin d'être sans fondement, à en croire les doléances adressées cette semaine au chef de l'État par 110 maires de villes et de quartiers prioritaires, qui appellent à réorienter 1% du plan de relance vers la population souvent très jeune de ces quartiers délaissés, dans lesquels, contrairement aux idées reçues, les pouvoirs publics n'investissent que très peu.
Renouveler le "pacte de confiance", comme ces maires y appellent, passe sans doute par des politiques de redistribution, mais c'est aussi affaire de reconnaissance. Si l'antiracisme, aux côtés de la lutte contre le changement climatique ou de la revendication d'égalité entre les sexes, fait désormais figure de cause irréductiblement juste pour un grand nombre de jeunes Français, n'est-il pas temps d'écouter ce que ces derniers ont à nous dire ?
La rédaction