
Le conservatisme de Boris Johnson
En s’identifiant au passé impérial du Royaume-Uni, Boris Johnson renoue avec le conservatisme de la fin du XIXe siècle, qui voit dans le libre-échange une manière de favoriser la paix et la permanence de la puissance britannique.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, le conservatisme britannique a suivi deux directions principales. Jusque dans les années 1970, les tories sont restés plutôt fidèles à la doctrine one-nation que l’on attribue traditionnellement à Disraeli. Pour l’ancien Premier ministre de la reine Victoria, les conservateurs ne devaient pas nier les méfaits de la révolution industrielle sur les classes laborieuses. Les plus aisés avaient donc une obligation morale de leur venir en aide en vertu d’un sentiment assez paternaliste. Le but était de préserver la stabilité sociale et l’ordre public. Avec les conflits mondiaux, les conservateurs ont ensuite soutenu un certain degré d’intervention de l’État afin de pallier les carences de l’initiative privée. Ils ont promu dès 1944 un National Health Service avant que les travaillistes (qui en avaient eu l’idée) ne le concrétisent. La perception « disraélienne » n’est, toutefois, pas progressiste. Elle ne vise pas à remettre en cause la hiérarchisation de la société, les traditions politiques et l’Empire.
À partir des années 1975, c’est une nouvelle déclinaison du conservatisme qui émerge avec Margaret Thatcher. Elle promeut une approche néolibérale du rôle de l’État qui se doit d’être limité. Il est perçu comme une gêne au libre fonctionnement du marché. Lectrice assidue de Friedman et de Hayek, Thatcher en retient l’ardente obligation de contenir la dépense publique, l’inflation et les acquis sociaux. Si l’économie