
Le don du juste
Marcel Hénaff a montré que la constitution du lien social est liée au geste à la fois libre et contraint du don cérémoniel. En dialogue avec la philosophie, il a aussi établi sa parenté avec la recherche de la vérité, dont on ne peut jamais se tenir quitte.
L’œuvre de Marcel Hénaff demeurera une contribution majeure en anthropologie et en philosophie. Son apport est d’avoir montré à quel point la constitution du lien social est liée au geste du don, comment ce dernier, d’une importance structurelle dans les très anciennes sociétés à travers l’institution du don cérémoniel, se trouve au fondement de la reconnaissance réciproque des hommes entre eux et de la production de la chose commune.
Hénaff aiguise ce qu’il y a de novateur en anthropologie et réfléchit en philosophe, tout en respectant les différences d’approche. Loin de toute surinterprétation philosophique (dont il se défiait au plus haut point), sa réflexion, anthropologique à part entière, ne le fut pas toutefois de part en part. Le regard philosophe lui permit de corréler des champs distants dans l’élucidation du lien social ; mais aussi de mettre à nu la parenté et l’articulation entre, d’un côté, le don cérémoniel, roc irrésistible du lien social, et, de l’autre, la recherche de la vérité, autour de l’enjeu commun de ce qui est hors de prix.
Don et contre-don
L’auteur revient sur la découverte de Marcel Mauss dans son Essai sur le don,