
Cannabis : les risques de la répression
La politique de lutte contre le cannabis menée par le ministère de l’Intérieur choisit de culpabiliser les consommateurs, au détriment de leur accompagnement et malgré les effets délétères de la pénalisation. La France s’obstine ainsi, à contre-courant des évolutions internationales, dans l’impasse de la prohibition.
Le discours sur le cannabis du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est punitif, conservateur et populiste. Il révèle une méconnaissance des débats scientifiques et témoigne d’un décalage avec le paysage international, le débat politique français et la population.
La répression en France
La France est l’un des pays les plus répressifs d’Europe vis-à-vis de l’usage de drogues. La France pénalise de plus en plus l’usage et renonce en partie à l’ancrage sanitaire de la loi du 31 décembre 1970. En 2020, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) mettait en évidence que 160 000 personnes avaient été interpellées pour une infraction à la législation sur les stupéfiants (dont 80 % concernaient des usagers), soit 40 fois plus qu’en 1970 (où les interpellations concernaient 4 000 personnes)1. L’OFDT révèle que 90 % des interpellations sont liées au cannabis en 2010, contre 40 % en 1985. L’instauration de l’amende forfaitaire délictuelle de 200 euros en juin 2020 est emblématique de cette pénalisation de l’usage : les usagers sont désormais sanctionnés directement par les forces de police et non plus par un juge, qui pouvait orienter vers le soin.
En avril 2021, le ministre de l’Intérieur justifiait cette pénalisation en pointant la responsabilité des consommateurs dans le trafic et en mobilisant une rhétorique de lutte des classes. Pour lui, les consommateurs de cannabi