
Le prix de l’ordre. Droits et marginalité dans les lieux publics
L’ordre public est garanti au prix d’une inégalité injustifiable : l’exclusion des sans-abri, consommateurs de drogues, prostitués et migrants, considérés comme des fléaux sociaux contre lesquels la société doit se défendre. On pourrait pourtant imaginer des contrôles de l’action policière.
Les rues, les parcs et les places publics sont cruciaux pour la réalisation de nos libertés politiques, sociales, économiques ou personnelles. Nous utilisons ces lieux publics pour nous réunir et manifester nos idées, pour aller au travail ou dans un commerce, pour nous distraire ou y rencontrer nos amis. Or l’exercice de ces libertés ne peut échapper à une forme de désordre : les allées et venues peuvent être anarchiques, le commerce bruyant ou les manifestations chaotiques. Le rôle de l’État est alors de garantir un ordre qui permette de concrétiser nos libertés et de concilier l’exercice de nos droits entre eux1.
Pour y parvenir, une stratégie – ancienne et récurrente2 – consiste à établir des restrictions visant la présence et le comportement de certains groupes. Les sans-abris, les mendiants, les consommateurs de drogues, les migrants, les prostitués sont écartés des lieux publics pour y maintenir l’ordre. Cette exclusion s’appuie sur le pouvoir discrétionnaire confié aux autorités de police pour lutter contre ces populations marginales, perçues comme une menace pour l’ordre social. L’ordre public est ainsi garanti au prix d’une inégalité injustifiable.
Pouvoir discrétionnaire et marginaux
La gestion des populations marginales par les forces de l’ordre n’est pas entièrement libre. Des garde-fous ont été créés po