La mission, un nouveau contrat social pour l’entreprise
La mission est l’ensemble des objectifs d’ordre social, environnemental, scientifique ou culturel, qu’une entreprise inscrit dans ses statuts. Valorisant l’innovation, elle permet d’associer intérêts privés et des intérêts généraux.
La question de la démocratie d’entreprise a été récurrente au xxe siècle, mais elle prend depuis quelques années une acuité nouvelle. Traditionnellement, les actionnaires ont nommé et révoqué seuls les dirigeants d’entreprise, en contrepartie des risques qu’ils prennent en investissant leur argent sans garantie de retour. Aujourd’hui pourtant, l’actionnariat s’est considérablement transformé : les épargnants individuels ont laissé la place à des investisseurs institutionnels qui sont parfois en mesure d’influencer directement les orientations stratégiques des entreprises qu’ils contrôlent. Ils peuvent le faire dans l’intérêt de leurs souscripteurs, mais aussi au détriment des salariés ou des autres parties de l’entreprise (consommateurs, riverains, pouvoirs publics, etc.). En outre, les enjeux démocratiques débordent la question de l’équilibre entre salariés et actionnaires, car certaines entreprises sont devenues des multinationales avec une puissance d’action et de transformation du monde inédite. Tandis que leurs choix peuvent affecter durablement des populations entières, voire le sort de la planète, elles ne sont soumises à aucun contrôle citoyen.
D’où la nécessité de remettre sur l’ouvrage la question de la démocratie en entreprise : car si le rééquilibrage entre capital et travail n’est plus suffisant, comment intégrer les autres parties prenantes ? Si l’entreprise doit être démocratique, quel devrait être son « démos »