
Quand les statistiques minent la finance et la société, de Sylvestre Frézal
Du point de vue de l’assuré et de celui de l’assureur, la contingence d’un même événement prend une réalité tout à fait différente. L’assureur sait que telle proportion de ses clients subira tel dommage, et peut donc construire ses tarifs en conséquence. Pour l’assuré, en revanche, l’événement est aléatoire : impossible pour lui de donner du sens au profil de risque que lui attribue l’assureur. Cette asymétrie entre assureur et assuré se retrouve à divers degrés dans les domaines judiciaire, financier et économique. Pourtant, économistes et financiers ont tendance à souvent confondre pluralité et aléa, qu’ils agrègent sous le nom de « risque », et qu’ils décrivent à l’aide d’un même outil : celui des statistiques, des distributions de probabilité et de l’espérance mathématique. Représenter l’aléa par le même outil que la pluralité est un leurre que Sylvestre Frézal propose de déconstruire et d’en exposer les conséquences sociales. Pour le décideur public, pour le chef d’entreprise, les statistiques, en quantifiant l’aléa, rassurent : elles donnent l’illusion de r&ea