
Hermès, 2018
« L’indiscipline » revendiquée par la revue Hermès renvoie aux deux facettes de l’entreprise collective lancée il y a trente ans sous l’égide de Dominique Wolton. D’une part, elle caractérise son objet d’étude : la communication, « un processus ouvert, échappant aux règles ». Depuis 1988, les modes d’information et de communication n’ont cessé d’être bouleversés par la technique, de devenir plus rapides, performants et abondants, et d’affecter notre démocratie et notre liberté. D’autre part, « la recherche, c’est d’abord de l’indiscipline, sinon il n’y aurait ni recherche ni connaissance ». Pour saisir le champ d’étude dans toute son immensité et sa complexité, Hermès s’efforce de refuser « l’idéologie technique » et l’émerveillement naïf qui l’accompagne, et adopte une approche résolument interdisciplinaire. Dans ce numéro anniversaire, l’article de Bernard Valade, « Hermès, les travaux et les jours », retrace l’histoire de la revue en évoquant le « moment Hermès », puis en rendant hommage à tous les anciens membres du comité de rédaction. À la suite de cette introduction se succèdent une cinquantaine d’articles portant sur des sujets aussi variés que le concept d’imaginaire (Brigitte Munier), la francophonie (Jean-Claude de l’Estrac) ou la langue de bois (Joanna Nowicki). Dominique Wolton se tourne finalement vers l’avenir de la revue, en mentionnant, parmi ses différents chantiers, la nécessité de « détechniciser la réflexion » afin d’affirmer la primauté de la communication humaine.