
Le Contrepoint, 2018
La seconde livraison de la revue Le Contrepoint se place sous l’exigence de « réapprendre autrement pour sortir de la confusion actuelle » (Gershom Sholem), ce qui implique, selon les deux directeurs, Milo Lévy Bruhl et Adrien Zirah, un « travail humble et rigoureux ». Le numéro s’ouvre sur une « Conversation sur la France » : Jean-Claude Milner y dénonce le « mensonge tranquille » du récit national, qui « repose sur la gloire militaire alors qu’il fait face à des défaites », notamment en Algérie ; Pierre Manent y rappelle l’urgence de « limiter la part musulmane dans la vie collective française » pour des questions de survie (la mort de la nation étant identifiée au devenir musulman du pays). Dans sa lecture du livre de Michael Walzer sur le paradoxe de la libération nationale, Bruno Karsenti considère le sionisme comme « l’indice d’incomplétude du projet européen porté par chacune des nations qui l’endossent », ce projet étant la coïncidence entre émancipation sociale et émancipation politique. Après un « essai de poésie collective », des philosophes – aucune femme n’écrit dans la revue – discutent du retour de la religion, « surtout par l’islam ». Le « contrepoint » de la revue – souvent chrétien, parfois juif, jamais musulman – est donc d’ordre religieux.