
Sensibilités, n°2
La revue Sensibilités. Histoire, critique et sciences sociales consacre sa seconde livraison, coordonnée par Quentin Deluermoz, Thomas Dodman et Hervé Mazurel, aux « Controverses sur l’émotion. Neurosciences et sciences humaines ». Divisé en trois parties, « Recherche », « Dispute » et « Expérience », avec des expériences graphiques, le dossier invite à un dialogue entre neurosciences et sciences sociales en resituant les premières dans leur contexte social. Après un « essai de sociologie processuelle » inédit de Norbert Elias sur les émotions humaines, Alain Ehrenberg présente des « figures de l’homme fiable » – notamment celle de l’autiste de haut niveau qui transforme son handicap en atout – qui révèlent « l’esprit social des neurosciences cognitives » et leur accord avec des idéaux collectifs. Bertrand Geay insiste sur les processus de socialisation familiale précoce et considère que la promotion des neurosciences dans les politiques éducatives « contribue à défaire la question scolaire comme question sociale ». William M. Reddy oppose l’histoire des émotions à la théorie des émotions de base de Paul Ekman, selon laquelle joie, tristesse, dégoût, surprise, peur et colère sont des produits innés de l’évolution. La « dispute » complète le dossier avec le conflit d’interprétations sur l’ouvrage pionnier de Darwin de 1872 entre Ekman et le relativisme culturel de Margaret Mead. Enfin, on lira avec profit deux essais historiques sur des émotions « perdues