
Le municipalisme libertaire
La politique de l'écologie sociale
Cet ouvrage se veut une introduction à l’œuvre de Murray Bookchin – l’initiateur de l’écologie sociale, il est du reste longuement interviewé dans la seconde partie (p. 159-197) – et aussi un guide méthodologique pour réaliser le municipalisme libertaire. Après un rapide historique sur les formes de la démocratie urbaine à Athènes (la polis avec l’ecclesia et l’esegonia ou droit de prendre la parole au cours de l’assemblée), dans l’Angleterre médiévale et dans la France révolutionnaire, Janet Biehl s’attache à démontrer comment l’urbanisation liée à l’industrialisation met l’économie au cœur de la société productiviste qui marchandise tous les rapports sociaux au point de contaminer le politique. Elle décrit alors ce que serait un municipalisme libertaire, des « municipalités » (ce terme est retenu par Bookchin) de taille raisonnable pour faciliter le débat public et permettre à chacun d’agir au sein d’assemblées de citoyens qui pratiquent la démocratie directe, ce qui signifie une décentralisation des pouvoirs actuels et un redécoupage des agglomérations bien trop peuplées. L’éducation populaire, la multiplication des coopératives, l’association et l’entraide (le small n’est pas toujours beautiful, explique l’auteure, car pour certaines actions, comme le logement ou l’environnement, il convient de mutualiser les moyens et de considérer un territoire plus large que celui de la municipalité), le confédéralisme, la municipalisation des services au public, la propriété communale du sol, etc., sont des pistes qu’explore J. Biehl avant de présenter le « programme électoral des verts à Burlington », qui peut donner des idées à des élus d’autres pays.
Thierry Paquot