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Notes de lecture

Dans le même numéro

La Foule innocente, de Denis Salas

octobre 2018

#Divers

En entreprenant de dresser l’histoire de l’avènement de la parole des victimes civiles des guerres ayant déserté le champ de bataille, Denis Salas donne une visibilité à une communauté d’action à laquelle le droit offre son langage, pour se révéler lui-même littéraire par ses accents, ses élans, son désir d’incarnation. Engagé dans ce travail d’expression de l’expérience, l’auteur ne cache pas son implication dans les événements qu’il relate, sa sidération face au « tas de secrets à même le sol que le vent emporte », « entre tumulte qui s’essouffle et oubli qui vient ». Denis Salas met en lumière la force de transfiguration du droit qui, tout en désamorçant la violence des événements, parvient à en traduire l’effet, la réalité, l’irréductible blessure. Tandis que les terroristes « transforment l’attentat en spectacle », les victimes innocentes exigent un autre récit. Denis Salas suit ce cheminement des mots du droit pour reconnaître leur souffrance et faire des victimes passives des témoins actifs. En effet, « ce n’est plus seulement l’offense faite à la loi mais une souffrance privée qui se fraie un passage dans le rituel judiciaire ». Dans cette histoire de la reconnaissance juridique des victimes civiles, Denis Salas reconnaît un rôle important aux journalistes et avocats, mais aussi à l’expression artistique, qui atteint la réalité de l’expérience sans la traduire littéralement. L’art peut être « le mémorial de cet événement sans témoin », qui « ne se fait jamais mieux entendre que dans la chambre d’écho d’un imaginaire ». L’ouvrage de Denis Salas, écrit avec ferveur et clarté, témoigne de la richesse du dialogue entre droit et littérature.

 

Desclée de Brouwer, 2018
2 p. 18 €

Sandra Travers de Faultrier

Juriste spécialisée en droit de la Propriété littéraire, Sandra Travers de Faultrier enseigne à Sciences-Po Paris et est avocate au barreau de Paris. Elle est l’auteur de Gide, l’assignation à être (Michalon, 2005).

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L’hostilité djihadiste

Le terrorisme djihadiste pose une question de confiance à la démocratie. Comment comprendre que des jeunes soient séduits par cette idéologie et s’engagent dans la violence ? Quel rôle y joue la religion ? Le dossier, coordonné par Antoine Garapon, observe que les djihadistes sont bien les enfants de leur époque. À lire aussi dans ce numéro : Mai 68 en France et en Pologne, le populisme du mouvement 5 étoiles, une critique de l’Université, ainsi que des commentaires de l’actualité politique et culturelle.