Migrant, réfugié ou demandeur d'asile ?
Depuis le début de la semaine, la mobilisation autour des Syriens arrivant en Europe s’étend. Après de nombreuses hésitations et de difficiles débats, la commission européenne a soumis aux Etats de la zone Schengen un plan de répartition des demandeurs d’asile. Mais, simultanément, un débat sémantique s’est installé concernant la désignation de ces hommes et femmes qui arrivent sur les côtes européennes.
Le terme devenu le plus courant dans les médias, « migrant », rend compte d’une mobilité transfrontalière sans établir de distinction entre les motivations, économiques ou politiques, de l’exil. Parler de « personnes déplacées » renvoie en revanche dans la mémoire européenne à une situation de guerre, et par conséquent à une demande de protection. D’où l’interrogation sur l’usage, pertinent ou non, du terme « réfugié » pour désigner les nouveaux arrivants. D’autant plus qu’il s’agit ici d’une catégorie juridique ouvrant des droits, une fois la demande d’asile acceptée. Comment s’y retrouver dans ces dénominations ? Faut-il maintenir des distinctions entre ces catégories d’étrangers ?
Dans le texte mis en exergue aujourd’hui, Paul Ricœur rappelle que, dans la relation entre « l’étranger » et le « membre », il s’agit avant tout d’établir un échange et d’organiser une hospitalité. Derrière son retour formel sur l’étranger comme voyageur, comme migrant économique et comme demandeur d’asile, il montre avant tout l’existence d’une commune humanité.