
La variété de Michel Legrand (1932-2019)
« Mes succès, mes lauriers, je n’ai rien à en dire, d’autres s’en chargent s’ils le veulent bien. » Lorsque ces quelques lignes seront publiées, « d’autres » se seront bien avant moi chargés de rendre hommage à Michel Legrand, évoquant les sommets de la carrière de l’un des derniers grands de sa génération. Son œuvre, loin d’être monolithique, se plaît à explorer tous les territoires musicaux, sans hiérarchie, du septième art au jazz, de la variété à l’easy listening, croisant les styles, mêlant les genres. Pourtant, ce ne sont ni des Demoiselles de Rochefort et autres Parapluies de Cherbourg, non plus que L’Affaire Thomas Crown ou Un Été 42, Yentl et Peau d’Âne dont il sera question dans cet hommage. C’est un autre Michel Legrand que je veux brièvement évoquer ici. Un compositeur qui, faisant sienne cette phrase du Coq et l’Arlequin de Cocteau, savait que « le tact dans l’audace, c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin ».
Tout commence dès le plus jeune âge sur le piano familial laissé là par un père absent (Raymond Legrand, également compositeur et chef d’orchestre de jazz). En 1948, deux chocs successifs décident de son avenir. Il entend Dizzy Gillespie à Pleyel et c’est une véritabl