Geneviève de Gaulle Anthonioz, une Juste parmi l'humanité
L’entrée de Geneviève de Gaulle au Panthéon n’allait pas de soi – d’autres femmes ayant été citées lors de la consultation nationale de septembre 2013. Pourtant, son activité de résistante, son expérience des camps, son travail à Atd Quart Monde dessinent un combat de toute une vie pour la dignité humaine, dans lequel la dimension religieuse a également joué un rôle.
L’entrée au Panthéon de Geneviève de Gaulle Anthonioz, le 27 mai 2015, est emblématique de la façon dont la République du xxie siècle envisage la grandeur. Il ne s’agit plus d’invoquer la vertu militaire qui fut le critère des panthéonisations napoléoniennes, ni de mettre en valeur l’universalité littéraire ou scientifique, comme s’y employa la IIIe République. Le choix de François Hollande, en se portant sur Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay, a consacré leur commun engagement contre le nazisme, même si leur résistance emprunta des voies variées. Parmi les quatre élus, la parité entre femmes et hommes illustre la volonté de rattrapage d’une patrie jusque-là reconnaissante à ses « grands hommes » en tant que représentants du genre masculin plutôt que du genre humain dans son entier1.
Parmi les quatre, le choix de Geneviève de Gaulle Anthonioz n’allait pas de soi. Lors de la consultation nationale par internet organisée en septembre 2013, elle n’est pas citée parmi les vingt premiers noms suggérés pour le Panthéon2. D’autres femmes apparaissaient, comme Olympe de Gouge, Germaine Tillion, Louise Michel, Simone de Beauvoir, Lucie Aubrac, George Sand, sœur Emmanuelle, Maria Deraismes, Simone Weil. La désignation de Geneviève de Gaulle n’en apparaît que plus remarquable, d’autant que son nom ne fut avancé ni par sa famille, qui a hérité d’elle une modestie et une discrétion à toute épreuve, ni par un quelconque groupe de pression.
Seule Mona Ozouf, dans Le Monde du 16 décembre 2013, fit pour elle une campagne décisive, en l’associant à l’idéal de fraternité aux côtés de « Brossolette-liberté » et de « Tillion-égalité3 ». La République, c’est un fait, n’aime guère les surprises. Le choix de Geneviève de Gaulle Anthonioz et de Germaine Tillion avalise un processus entamé depuis plus d’une décennie : en 1997, Geneviève fut la première femme de l’histoire à recevoir la grand-croix de la Légion d’honneur, plus haut grade dans cet ordre. En 1999, elle remettait la même distinction à son amie de déportation et de combat, Germaine Tillion. Cette étape fut sans doute décisive sur le chemin de leur panthéonisation. Les deux grand-croix représentent un brevet de dignité républicaine propre à rassurer les indécis, comme si une femme devait être plus irréprochable encore qu’un homme pour prétendre à l’immortalité. Élevées au plus haut rang de la Légion d’honneur sous un président de droite, puis portées au Panthéon par la gauche, les deux femmes incarnent une certaine unanimité républicaine. C’est là tout l’esprit du Panthéon, lieu d’une mémoire qui se veut œcuménique – ce qui ne l’empêche pas d’être régulièrement contestée4.
Quel type de grand homme est donc Geneviève de Gaulle ? Faut-il la ranger du côté de ceux dont la vertu se trouve dans les faits d’armes ? Le général de Gaulle, qui s’y connaît en combattants, semble aller dans ce sens lorsqu’il lui dédicace ses Mémoires de guerre :
À ma chère nièce Geneviève, qui fut, tout de suite, jusqu’au bout, au fond de l’épreuve, au bord de la mort, un soldat de la France libre, et dont l’exemple m’a servi5.
Cependant le combat de l’ombre n’est pas, on le pressent, le motif prépondérant. La production littéraire qui a justifié l’entrée au panthéon d’un Zola ou d’un Hugo non plus. Les deux livres que Geneviève a laissés6 sont des témoignages remarquables mais ne constituent pas pour autant une œuvre à part entière. Il semble qu’il faille plutôt chercher la grandeur de Geneviève dans la définition qu’en donne l’abbé de Saint-Pierre :
Le grand homme se soucie fort du bonheur de ses concitoyens et préfère souvent leurs intérêts aux siens propres. […] Il travaille pour plaire à Dieu, pour imiter cet être infiniment bienfaisant, qui aime les hommes, qui par conséquent veut que nous l’imitions le plus qu’il nous est possible du côté de cette bienfaisance envers les hommes7.
La belle notion de bienfaisance, que Geneviève opposa toute sa vie aux idéologies malfaisantes, qu’il s’agisse du nazisme ou de la toute-puissance d’un capitalisme qui broie les individus, l’universalité du combat en faveur de l’homme, mais aussi la dimension religieuse forment bien les lignes de force de son engagement.
L’entrée en Résistance
L’entrée de Geneviève dans la Résistance, à l’âge de dix-neuf ans, semble obéir à un mouvement spontané, instinctif, bien plus que politique à proprement parler. Elle répond en réalité à une longue tradition familiale. Depuis les années 1870, les de Gaulle se sont acclimatés à la République au point d’en avoir épousé les causes majeures : le grand-père de Geneviève, Henri de Gaulle, fut notamment dreyfusard. Lecteur de la revue Le Correspondant8, qui véhicule un catholicisme modéré et libéral, ce professeur d’histoire a inculqué à ses enfants un patriotisme qui n’exclut ni l’ouverture d’esprit ni les préoccupations sociales, bref très éloigné des idées maurassiennes. Son fils aîné Xavier de Gaulle (1897-1955) est le digne héritier de cette ligne tolérante. Nommé en 1922 ingénieur des mines en Sarre, région allemande administrée par une commission de gouvernement placée sous la tutelle de la Sdn par décision du traité de Versailles, il se trouve aux premières loges pour assister aux prodromes du nazisme. Soucieux d’en montrer les dangers à sa fille, il lui fait lire Mein Kampf à l’âge de quatorze ans. En Sarre, où les nazis entretiennent la propagande antifrançaise, la tension se fait de plus en plus vive. Les de Gaulle sont contraints de quitter les lieux après le référendum du 13 janvier 1935 par lequel 90, 8 % des électeurs sarrois choisissent leur rattachement au Reich. Xavier de Gaulle, à l’instar de Charles de Gaulle, est conscient dès février 1938 que « l’hégémonie allemande est en train de se réaliser9 ». En septembre, comme tout le reste de la famille, il se range parmi les anti-munichois qui condamnent le renoncement des démocraties face aux exigences toujours nouvelles du IIIe Reich.
C’est un fait notable que Geneviève de Gaulle grandisse dans une famille où les enfants sont tôt éveillés aux enjeux du monde. Il est plus remarquable encore qu’elle ait bénéficié de cet enseignement alors qu’elle est de sexe féminin, c’est-à-dire vouée à rester toute sa vie une mineure sur le plan politique, juridique et matériel. Les de Gaulle, en ce sens, attachent plus d’importance à l’intelligence qu’aux obscures traditions. À cette éducation que l’on dirait volontiers citoyenne s’ajoute une dimension religieuse fondamentale. Les de Gaulle sont de fervents catholiques qui placent la fraternité humaine au cœur de leur pratique. « Je n’ai jamais vu mon père autrement que respectueux et attentif envers qui que ce soit », témoigne Geneviève de Gaulle. « Le respect de l’autre et l’amour de son pays10 » sont les deux grands principes qui fondent son enfance.
Ces armes spirituelles suffisent-elles à expliquer l’entrée en Résistance ? Ce serait accorder une place proéminente à l’éducation, et faire fi d’autres mécanismes qui jouent un rôle déterminant à l’heure de la décision. L’engagement répond à des processus complexes et le cas de Geneviève de Gaulle est à cet égard intéressant. Son entrée en résistance est en effet très antérieure à la Seconde Guerre mondiale. Elle a ses racines dans un drame familial survenu le 15 mai 1925 : ce jour-là, Germaine, la mère de Geneviève née en 1920, de Jacqueline née en 1921 et de Roger né en 1923, trouve brutalement la mort en mettant au monde un quatrième enfant, décédé. Cet événement précipite prématurément Geneviève dans le monde adulte, à la fois par le désenchantement dont son monde enfantin se trouve soudain frappé, mais aussi par le rôle de soutien qu’elle doit exercer auprès de son père accablé de douleur. Sous-jacente, contenue, la rébellion de Geneviève se trouve renforcée par le remariage de son père en 1930. C’est à partir de là, selon son frère Roger, que la jeune fille « entre en résistance11 », par refus de se soumettre à un ordre des choses qui ne lui convient pas. La mort de sa sœur Jacqueline en 1938, des suites de la typhoïde, parachève ce basculement.
L’entrée en Résistance de 1940 est la suite de ce double processus : un éveil citoyen précoce et une perception exacerbée de ce qui est injuste, intolérable, inacceptable. Ce sont du reste les mots retenus par Geneviève pour qualifier l’armistice proposé par Pétain dans son allocution du 17 juin 1940 :
Accepter cela était insupportable pour moi. Je me sentais brûlée comme par un fer rouge. Ma décision de « résister » quoi qu’il arrive, je l’ai prise, je crois, intérieurement ce jour-là, en entendant Pétain parler à la radio. […] Dès ce moment-là, je dois dire, je me suis dit que je ne pouvais pas accepter ça. Je pense qu’il y a des moments dans la vie où les uns et les autres rencontrent quelque chose et tout à coup se disent : « C’est inacceptable12. »
Gaulliste de naissance, très proche dès son adolescence de son oncle Charles, Geneviève devient sans le savoir encore une gaulliste de guerre. Cette mutation se produit dans la plus resserrée des chronologies, celle-là même de son oncle Charles, dont l’appel du 18 juin13 à la Bbc est avant tout une réaction à la volonté de capitulation exprimée la veille par Pétain. Le message du fondateur de la France libre n’est donc pas le déclencheur de l’engagement de Geneviève, mais une confirmation éclatante de sa propre volonté. Son nom de famille devient dès lors pour elle un juste combat, un emblème qu’elle habite, une cause qu’elle incarne et qui la dépasse tout à la fois.
Que cela soit dans la Résistance ou dans sa lutte ultérieure auprès du quart monde, Geneviève de Gaulle déploie une même méthode de travail. Elle privilégie des actions extrêmement concrètes, dans un esprit toujours pédagogique et jamais sentencieux. La dimension collective domine : elle se sent à son aise dans les petits groupes, dans l’échange, la discussion, la fédération des énergies. Parce qu’elle ne se considère comme supérieure à personne, elle parvient à mobiliser ceux qui n’auraient pas osé bouger sans son impulsion. Et parce qu’elle ne sent pas inférieure à qui que ce soit, elle sait se comporter d’égal à égal avec ceux qui sont en position de pouvoir.
Ses premiers pas de résistante, en 1940, sont individuels par nécessité et symboliques dans la forme : elle arrache un drapeau à croix gammée qui flotte sur un pont de Rennes. La suite est à la fois un approfondissement et une émancipation. La jeune étudiante en histoire quitte rapidement la province et ses attaches paternelles pour faire sa licence à la Sorbonne à l’automne 1941. Paris offre plus de possibilités d’action, et l’hospitalité de sa tante Madeleine de Gaulle14 constitue une étape transitoire. Toutes deux organisent la diffusion clandestine de la photographie de Charles de Gaulle pour contribuer à faire connaître le visage du « général Micro ». Puis Geneviève s’éloigne un peu plus de ses bases, participe à une filière de passage vers l’Espagne. Vers la fin 1942, elle franchit un nouveau pas en entrant dans la clandestinité. Elle change de nom, se bâtit des identités successives, s’entoure de précautions. Sa chambre d’étudiante, rue Cardinet dans le 17e, lui sert de couverture tandis que son « bureau » de Résistance se trouve au 23, rue Servandoni dans le 6e arrondissement, au fond de l’appartement d’une de ses vieilles grands-tantes, Alix Lepage.
Pareille émancipation n’est pas anodine pour une jeune fille de vingt-deux ans dans les années 1940. La Résistance, en dépit de toutes ses contraintes, offre aussi une liberté insoupçonnable. Geneviève la consacre entièrement à la cause résistante, y compris dans les relations qu’elle noue. Hubert Viannay tient alors une grande place dans sa vie. Elle fait sa connaissance au maquis des Voirons et par son intermédiaire se rapproche en avril 1943 de Défense de la France15, mouvement de Résistance fondé par son frère Philippe Viannay et animé par un groupe d’étudiants parisiens. Bientôt membre du comité directeur de Défense de la France, Geneviève contribue à l’évolution politique du mouvement, resté longtemps indulgent sinon complaisant à l’égard de Pétain, et méfiant vis-à-vis de Charles de Gaulle. Au printemps 1943, elle arrive à point nommé pour accompagner la mue : l’invasion de la zone sud en novembre 1942 a montré le vrai visage du régime de Vichy. Au cours de discussions animées, elle explique l’action de son oncle à Philippe Viannay :
Elle s’employa avec beaucoup d’habileté et de conviction à me faire modifier mon attitude profonde vis-à-vis du Général. […] Elle me procura également ses textes essentiels […] et principalement ses discours et déclarations. […] Il peut paraître stupéfiant que je ne les ai pas connus avant et que même je n’en ai pas su l’existence. C’est ainsi. La Résistance n’appartenait à personne en particulier et je n’avais éprouvé jusqu’alors aucun besoin de ralliement16.
Secrétaire de rédaction du journal clandestin diffusé par le mouvement, Geneviève y signe aussi deux articles17. Ce fait, selon Dominique Veillon, mérite d’être souligné :
Il est assez révélateur qu’aucune [des femmes travaillant pour Défense de la France] n’ait écrit d’article, à l’exception de Geneviève de Gaulle18.
Or qu’il s’agisse de Jacqueline Pardon, étudiante en philosophie, d’Hélène Mordkovitch, étudiante en géographie à la Sorbonne, ou de Charlotte Nadel, aide-bibliothécaire au laboratoire de géographie physique de la Sorbonne, toutes avaient les qualités requises pour signer un papier. Les liens de parenté de Geneviève avec le Général, mais aussi sa calme pugnacité, sa conviction d’être ni plus ni moins l’égale de ses camarades hommes expliquent qu’elle ait osé écrire dans le journal. Son pseudonyme de signature, « Gallia », ne laisse guère de doute sur ses intentions. Son premier article propose la première biographie de Charles de Gaulle jamais parue dans la presse clandestine. Le second, intitulé « De Gaulle et l’indépendance française », met en valeur « le caractère strictement national de son action », en réponse aux accusations vichystes qui placent de Gaulle à la solde des Anglo-Saxons ou des juifs. L’activité rédactionnelle n’empêche pas Geneviève de poursuivre son travail de terrain. Responsable de la diffusion du journal aux côtés de Jacques Lusseyran et de Jacques Oudin, elle n’hésite pas à participer à des distributions à la sauvette jusque dans les wagons du métro. Les risques qu’elle court alors sont immédiats et mortels.
La clandestinité et le changement de nom ne changent rien à la détermination de Geneviève d’assumer son patronyme :
Je m’étais toujours dit que, si je devais un jour être reconnue coupable, je préférerais que cela soit sous mon identité véritable. Je trouvais que c’était bien qu’il y ait des gens de la famille de Gaulle qui soient arrêtés, que cela se sache19.
Le 14 juillet 1943, anniversaire de la prise de la Bastille, Défense de la France titre : « Français, libérez-vous de la crainte » et tire à 100 000 exemplaires. Six jours plus tard, la répression s’abat sur le mouvement. Geneviève est interpellée le 20 juillet 1943 dans la librairie Au vœu de Louis XIII, boîte aux lettres du mouvement transformée en souricière. C’est un Français, Serge Marongin, qui a infiltré le réseau et trahi. C’est également un Français, l’ex-inspecteur Bonny devenu auxiliaire de la Gestapo, qui interpelle Geneviève de Gaulle. Plusieurs de ses camarades, notamment Jacques Lusseyran et Jacqueline Pardon, tombent le même jour.
Cette confrontation directe avec la collaboration appelle une remarque. Le « résistantialisme » mémoriel mis en place dès la Libération ne trouvera pas chez Geneviève de terreau où s’épanouir. La vision d’une France unie dans la Résistance, brandie en 1945 par le général de Gaulle pour exorciser la nation et éviter la guerre civile, achoppe sur son expérience : elle a été la victime de collaborateurs inspirés par la vénalité ou par l’idéologie. Plus largement, elle a constaté avec effarement l’indifférence de bon nombre de Français face au nazisme. Ainsi ce couple de « bons catholiques » qui commente la rafle du Vel’ d’Hiv’ :
Ils ont dit gentiment : « Oui, c’est triste, mais ce sont des juifs. » Ils ne se rendaient pas compte, mais ils avaient déjà commis le crime20.
La traversée de la nuit
Après un séjour à la prison de Fresnes, Geneviève est transférée au camp de transit de Compiègne-Royallieu, qu’elle quitte le 31 janvier 1944 avec 959 camarades entassées dans des wagons à bestiaux21… Ce convoi dit « des 27 000 » en raison du numéro d’immatriculation que recevront ces femmes, emporte également Émilie Tillion, la mère de Germaine Tillion qui les a précédées à Ravensbrück en octobre 1943.
Pour Geneviève de Gaulle, les quatorze mois passés dans le camp sont une « traversée de la nuit ». La nuit de son ignorance, tout d’abord. Plutôt mieux informée que la moyenne des Français grâce à son implication dans la Résistance, elle ne sait rien de l’enfer qui l’attend. D’autant plus brutal est le plongeon dans l’enfer, et d’autant plus précieux le décryptage du système concentrationnaire que Germaine Tillion procure à ses camarades françaises. Il y a aussi la nuit du temps qui passe, sans répit, scandé par les appels, le travail et les corvées, sans idée de l’heure de la délivrance, ni même de sa survenue. Il y a enfin la nuit de l’homme : du côté des SS et de leurs acolytes se dessine une humanité d’apocalypse, privée de son âme, une in-humanité à rebours de la culture allemande que Geneviève avait appris à aimer en Sarre. À Ravensbrück, elle assiste impuissante à l’assassinat de femmes à coups de battoir et au massacre des nouveau-nés mis au monde par les déportées et noyés dans des seaux d’eau. Du côté des déportées, certaines finissent par se plier aux injonctions nazies et perdent peu à peu leur dignité.
La terreur du camp sidère la jeune résistante éduquée dans l’amour de son prochain. Pourtant, c’est aussi entre les barbelés qu’elle éprouve la solidité et la validité des valeurs humaines, portées en cet endroit à leur plus haut degré. Les liens d’amitié, de solidarité, de foi qui l’attachent à Anise Girard (future Postel-Vinay), Jacqueline Péry d’Alincourt, Germaine Tillion, Jacqueline Fleury…, mais aussi l’aide déterminante que lui apportent à plusieurs reprises des déportées d’autres pays, sont le socle de sa résistance intérieure, en dépit de la faim, de l’épuisement, de la pleurésie qui l’affecte durement. La dualité radicale de l’expérience concentrationnaire – une solidarité absolue pour répondre à une terreur absolue – est désormais constitutive du regard que porte Geneviève sur le monde.
À Ravensbrück comme dans la Résistance, son patronyme continue de jouer un rôle important. Aux yeux des autres déportées françaises, elle incarne la présence du chef de la France combattante, mais sans dimension officielle ou politique, plutôt comme un pied-de-nez aux nazis, comme une déclinaison féminine de l’insoumission. Germaine Tillion, qui fait la connaissance de Geneviève dès que celle-ci arrive au camp, insiste sur la force du symbole :
Nous avons considéré le général de Gaulle, dès le 18 juin 1940, comme « l’homme qui avait raison », ou plutôt comme « l’homme qui était du même avis que nous ». Il y a eu comme une jubilation d’investir Geneviève dans ce rôle de petit de Gaulle22.
Aux yeux des nazis, les liens familiaux de la déportée no 27372 ne comptent pour rien au départ, à tel point qu’elle manque d’être tuée par les coups du SS Syllinka qui supervise l’atelier de couture. Seule l’intervention de la déportée tchèque Milena Seborova lui évite une issue dramatique. Mais un revirement s’opère en octobre 1944 : Himmler donne l’ordre au commandant du camp de Ravensbrück, Suhren, de protéger la jeune fille, très affaiblie. La tournure de la guerre incite en effet le Reichsführer-SS à se préserver une issue du côté des Alliés – parmi lesquels la France dans la capitale de laquelle le président du Gouvernement provisoire de la République française s’est réinstallé. Si son nom de famille lui sauve assurément la vie, la période que passe Geneviève dans la cellule du bunker où Suhren l’a mise à l’abri est paradoxalement la pire qu’elle traverse à Ravensbrück. Privée de ses camarades, elle sombre dans le doute et frôle l’abîme : sa vraie traversée de la nuit est intérieure, elle se nourrit de la solitude et de la claustration.
Fin février 1944, Geneviève reçoit la visite de la Croix rouge. Peu après, elle est libérée du camp – à son grand dam car ses camarades ne profitent pas de cette mesure – et placée sous la garde de deux SS qui la conduisent lors d’un parcours chaotique dans l’Allemagne en ruine. Elle est définitivement libérée le 20 avril. Elle part aussitôt retrouver l’oncle Charles qui l’héberge plusieurs semaines dans sa villa de Neuilly. Elle lui parle longuement du camp et lui fournit ainsi une connaissance de première main sur l’expérience concentrationnaire, à une époque où les retours massifs de déportés n’ont pas encore eu lieu. Bouleversé, de Gaulle perçoit dans le récit de sa nièce l’écho de sa propre expérience de la Première Guerre mondiale : « Cette guerre m’a laminé l’âme », dit-il à Geneviève. C’est une confidence rare. La proximité entre Charles et Geneviève de Gaulle est une proximité d’intelligence et de spiritualité, mais aussi d’engagement. Elle ne se dément pas après la guerre. Charles de Gaulle se rend à Genève le 28 mai 1946 pour assister au mariage de sa nièce avec Bernard Anthonioz23, résistant familier des milieux artistiques et proche d’André Malraux. En 1947, le jeune couple devient un membre actif du Rassemblement du peuple français (Rpf) ; rétive à toute forme d’esprit partisan, proche des gaullistes mais jamais hostile aux communistes, Geneviève peut se reconnaître dans ce rassemblement qui se veut au-delà des appartenances politiques traditionnelles. En 1958, elle rejoint avec son mari le cabinet d’André Malraux en tant que conseiller technique à la recherche scientifique.
La lutte contre la pauvreté
Cette participation aux entreprises gaulliennes d’après-guerre représente certes une implication dans les affaires de la cité, mais elle illustre avant tout la profonde fidélité de Geneviève vis-à-vis de son oncle. Deux éléments impératifs vont se lier pour la conduire à dépasser cette forme d’engagement somme toute convenue. Le premier est structurel : son passé de résistante déportée l’oblige à la vigilance et à une exigence accrue. En 1962, elle s’en explique à ses camarades rescapées :
Nos luttes et nos souffrances passées nous donnent plus de devoirs que de droits : devoirs vis-à-vis de notre pays, devoirs aussi de solidarité avec ceux et celles qui subissent des épreuves proches de celles que nous avons supportées24.
Le second élément est conjoncturel. Il résulte de la confrontation de Geneviève avec des situations inadmissibles et de ses rencontres avec des personnalités hors du commun.
Sa première intervention s’opère au sein de l’Association des déportées et internées de la Résistance (l’Adir, créée le 22 juillet 1945) chargée initialement de préparer l’accueil des rescapées – aide morale, administrative, financière, séjours de repos. Sous l’impulsion de Geneviève de Gaulle qui en devient présidente en 1958, d’Anise Postel-Vinay (secrétaire générale) et de Caroline Ferriday (représentante de la branche américaine), l’Association dépasse bientôt la seule dimension de solidarité sociale et entreprend un combat à vocation universelle. Cette évolution mérite d’être soulignée, tant elle est annonciatrice, dans l’esprit et la méthode, de l’engagement de Geneviève à Atd Quart Monde. L’Adir participe en effet à la recherche des criminels nazis et à leur jugement. Elle cherche également à obtenir de l’Onu et de la Rfa la reconnaissance des sévices subis par les Kaninchen, ces femmes victimes d’expérimentations médicales nazies25. Ce combat emprunte des voies légales, recourt aux canaux institutionnels, sans esprit de scandale, mais également sans concession. C’est un travail de patience, qui exige de retrouver la trace des victimes et de sensibiliser les organismes internationaux. Il aboutit en 1957-1958 avec l’indemnisation des victimes polonaises survivantes. Pour les victimes françaises de l’ensemble des camps, Geneviève participe pour l’Adir en 1964 à une commission spécifique présidée par le professeur Vic-Dupont, ancien déporté. Cette démarche qui place les droits de l’homme au cœur du droit forme le trait d’union entre tous les combats de Geneviève de Gaulle.
Invitée à l’automne 1958 par un certain père Joseph Wresinski à découvrir le bidonville de Noisy-le-Grand dont il a la charge spirituelle depuis 1956, Geneviève de Gaulle revient en réalité sur ses propres traces. Dans le Secret de l’espérance, elle établit de manière limpide le parallèle entre le camp nazi et le camp de Noisy :
Lorsque je suis entrée dans ce grand bidonville, au bout d’un chemin de boue, sans lumière, j’ai pensé au camp, l’autre, celui de Ravensbrück. Bien sûr, il n’y avait pas de miradors, pas de sentinelles SS, pas d’enceinte barbelée et électrifiée, mais ce paysage de toits bas et ondulés d’où montaient des fumées grises était un lieu séparé de la vie26.
Treize ans après la Libération, l’expérience de la déportation joue l’effet d’un catalyseur : la découverte de la grande misère aux portes de Paris est en soi choquante, mais superposée à l’expérience concentrationnaire elle produit une réaction décuplée. Au nom de ce qu’elle a vécu en tant que déportée, Geneviève ne peut rester insensible au sort des populations exclues. Son réflexe est identique à celui du 17 juin 1940 :
Quand on est marqué comme je l’étais, il y a certaines choses que l’on ne peut plus jamais accepter.
Le combat qu’elle engage alors contre la pauvreté n’est en réalité pas nouveau pour elle ; il est la continuation pure et simple de l’engagement de 1940 et touche encore une fois à la survie de la République. Menacée dans ses droits fondamentaux en 1940 par l’occupation nazie, la République française l’est tout autant en 1958 par la persistance de la misère. La relégation des plus pauvres, rejetés du corps social comme le furent les juifs sous les lois de Vichy, est une atteinte aux droits de l’homme. Geneviève, avec le père Joseph Wresinski qui s’occupe alors des familles de Noisy et dont elle devient le compagnon de lutte, s’inscrit dans l’héritage de Charles Péguy et d’un socialisme originel qui place la fraternité en tête de ses exigences :
Il suffit qu’un seul homme soit tenu sciemment, ou, ce qui revient au même, sciemment laissé dans la misère pour que le pacte civique tout entier soit nul. Aussi longtemps qu’il y a un homme dehors, la porte qui lui est fermée au nez ferme une cité d’injustice et de haine27.
Les premières actions de Geneviève, comme en 1940, sont ponctuelles. Elle lance un appel au don de charbon dans l’émission de France Inter Les Français donnent aux Français animée par Clara Candiani28. Puis son engagement se fait plus important, jusqu’à devenir intégral. Ses autres activités professionnelles laissent place à ce nouveau défi. Mère de quatre enfants dont le plus jeune, Philippe, a alors six ans, Geneviève démissionne en 1959 de son poste auprès de Malraux pour se consacrer à « son peuple ». Elle devient en 1964 la présidente d’Aide à toute détresse (Atd29), fonction qu’elle conserve jusqu’en 1998. Durant ces quarante années à Atd, ses méthodes de travail restent inchangées : rigueur dans le montage des dossiers, ancrage fort sur le terrain, démarches inlassables auprès des puissances publiques à tous les échelons – de la préfecture à la présidence de la République –, mais aussi auprès d’instances supranationales comme l’Onu, ou d’autorités spirituelles comme le Vatican. Elle devient une des « alliées » de Wresinski, ni plus ni moins que les autres, et sur le même plan que les « volontaires permanents » qui s’engagent aux côtés des familles.
Geneviève de Gaulle Anthonioz n’use guère de théorie pour expliquer son combat. Il repose tout simplement sur la primauté de l’humain, rappelée dans les textes fondateurs du mouvement :
Tout homme porte en lui une valeur fondamentale inaliénable, qui fait sa dignité d’homme30.
Ce principe impose aux volontaires une ligne exigeante. La traditionnelle charité chrétienne est contestée en ce qu’elle donne bonne conscience à ceux qui la prodiguent mais n’autorise pas ses récipiendaires à bâtir par eux-mêmes leur salut. Atd, au contraire, veut rendre les exclus acteurs de leur destin, ce qui revient à faire reconnaître leur égale dignité, ce que souligne le père Wresinski :
Ce n’est pas tellement de nourriture, de vêtements qu’avaient besoin tous ces gens, mais de dignité, de ne plus dépendre du bon vouloir des autres31.
La démarche est donc tout aussi politique que sociale, comme l’indique l’expression même de « quart monde », empruntée à la Révolution française32. Il s’agit de donner la parole au peuple du quart monde, de le faire accéder à la culture, de lui permettre de retrouver une bonne image de lui-même. Autant de préoccupations qui sont celles de Geneviève depuis longtemps, au moins depuis Ravensbrück où la préservation de la dignité était une forme de résistance à la destruction programmée par les nazis. Atd promeut la création de bibliothèques de rue en 1968, des universités populaires quart monde en 1972, transforme le bidonville en « cité de promotion familiale »…
De même que l’action résistante a débouché sur une refondation des principes républicains avec la Charte du Conseil national de la Résistance en 1943, l’action en faveur du peuple du quart monde entraîne progressivement une volonté d’élargir l’assise de la République. En 1982, à l’instigation d’Atd, 232 500 personnes signent une pétition qui demande aux Nations unies de reconnaître en la misère une violation des droits de l’homme. À partir de 1986, au sein du Conseil économique et social, le père Wresinski puis Geneviève de Gaulle Anthonioz, qui lui succède après sa mort en 1988 en tant que personne qualifiée dans la section affaires sociales, entament un combat de longue haleine pour que soit adoptée en ce sens une loi d’orientation. Le premier projet de loi d’orientation relative au renforcement de la cohésion sociale est déposé en 1997, sous une majorité de droite qui s’apprête à le soutenir. Le 15 avril 1997, au moment des discussions, Geneviève de Gaulle prend la parole à l’Assemblée nationale :
Après les terribles épreuves que lui ont fait subir l’oppression nazie et celle de ses complices de Vichy, la France a resouscrit à un pacte avec les valeurs républicaines. […] Puisque nous vivons aujourd’hui une nouvelle montée d’atteinte aux valeurs fondatrices de notre République, il ne sert à rien de les défendre morceau par morceau tout en tolérant par ailleurs des reculs. La seule riposte possible, la seule voie consistent à nous rassembler pour vouloir et mettre en œuvre plus de démocratie. C’est l’attente ardente des plus pauvres d’en devenir les artisans.
Une semaine plus tard, ses mots vibrants se heurtent à un cruel démenti : Jacques Chirac dissout l’Assemblée nationale. Reproposé en 1998, sous un nouveau nom et sous une majorité cette fois socialiste, le projet de loi d’orientation relative à la lutte contre les exclusions est finalement adopté le 29 juillet, mais sans qu’aucun gaulliste lui apporte sa voix. Ce dénouement en dit long sur le poids des logiques partisanes, mais aussi sur la justesse du combat d’Atd Quart Monde. La droite puis la gauche ont soutenu la loi d’orientation, sans être capables de la voter ensemble.
Âgée de 78 ans, Geneviève de Gaulle Anthonioz laisse la présidence d’Atd Quart Monde à Paul Bouchet en septembre 1998. Au temps de l’action succède seulement alors celui de l’écriture. Geneviève de Gaulle Anthonioz ne rédige pas de mémoires, mais deux livres qui témoignent des deux épreuves majeures de sa vie : la déportation et la lutte pour la cohésion sociale. Que les ouvrages soient rédigés quasi simultanément témoigne du lien intrinsèque qui unit les deux combats de Geneviève.
De multiples facettes
Décédée le 14 février 2002, Geneviève de Gaulle Anthonioz a depuis lors donné son nom à des rues et à des établissements scolaires. Cette popularité s’explique sans doute par le caractère polyphonique du modèle républicain qu’elle offre. Un modèle riche de multiples facettes et appropriable par des traditions républicaines différentes. Son engagement résistant la rattache au « cortège des ombres » qui est déjà entré au Panthéon sur les pas de Jean Moulin. Mais au sein de ce cortège, comment définir sa place ? Son nom de famille conduit à la ranger du côté des gaullistes et de la France libre – comme de Gaulle le fait lui-même dans la dédicace de son livre. Pourtant, si elle a constamment agi pour faire connaître son oncle en France occupée, Geneviève s’est ralliée à un mouvement de Résistance marqué par son catholicisme et son attachement à la tradition, et originellement plus favorable à Pétain qu’à de Gaulle. Cette originalité n’est pas la seule. Geneviève, ainsi, entretient de bonnes relations avec les déportés communistes à Ravensbrück33 mais aussi après la guerre (ainsi de la présence de déportées communistes au sein de l’Adir34 alors qu’elles adhèrent par ailleurs à l’Amicale des déportées de Ravensbrück affiliée à la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes), et cela en dépit de la logique d’affrontement qui prévaut entre le Rpf et le Pcf à compter de 1947. Geneviève de Gaulle réalise donc une étonnante synthèse de l’esprit résistant, et incarne en sa personne l’« unité » si souvent invoquée par les résistants pour qualifier leur combat. Ce trait doit être rattaché au positionnement original de sa famille paternelle lors des grandes crises du xxe siècle. Pour cette descendante de dreyfusards, les valeurs de la France – et tout particulièrement la liberté – importent plus que les appartenances partisanes.
Dans son engagement à Atd Quart Monde, Geneviève de Gaulle Anthonioz occupe de la même façon un positionnement inattendu. Alors qu’on imaginerait volontiers cette catholique en dame d’œuvres, elle rejoint le père Wresinski, ancien des Joc, surnommé par ses détracteurs « le curé de la racaille ». Elle déclare :
Où est-ce Seigneur ? Sommes-nous exclus du monde des saints, nous qui luttons dans la faim et la vermine, la crasse et la fatigue, nous les déchus, les plus pauvres gens35 ?
Avec Wresinski, elle défend une politique aussi radicale dans son principe que l’était la demande d’abolition des ordres et des privilèges chez les révolutionnaires de 1789 : au nom de l’égalité de tous les êtres humains telle qu’elle est inscrite dans la Déclaration des droits de l’homme de 1789, reprise dans le préambule de la Constitution de 1958, la République ne saurait s’accomplir si certains de ses citoyens sont rejetés à sa marge. De la même façon qu’elle réclama aux SS en mars 1945 de rester à Ravensbrück plutôt que d’en être libérée sans ses amies, Geneviève considère en 1958 que l’humanité doit être sauvée dans son entier, et non en quelques-uns de ses îlots favorisés.
La foi catholique vient encore donner une lumière particulière à son engagement, le nourrit d’influences mystiques, lui confère une dimension spirituelle sans pour autant le désincarner. L’humilité qui imprègne Geneviève est celle de la croyante devant son Dieu, tout comme sa redoutable détermination provient de la confiance qu’il lui donne. Servir Dieu revient pour elle à l’imiter,
imiter cet être infiniment bienfaisant, qui aime les hommes, qui par conséquent veut que nous l’imitions le plus qu’il nous est possible du côté de cette bienfaisance envers les hommes.
Et si Geneviève conçoit le monde comme baigné d’espoir, c’est précisément parce qu’elle connaît de l’intérieur les limites de l’enfer.
- *.
Auteur de Geneviève de Gaulle Anthonioz (Paris, Le Cerf, 2004, rééd. 2015), directrice du Centre européen du résistant déporté.
- 1.
Notons que Geneviève de Gaulle renverse doublement la tradition : non seulement elle entre au Panthéon en son nom propre (non pas comme Mme Berthelot ou même Marie Curie, qui ne put y entrer qu’accompagnée de son mari), mais de plus elle entraîne avec elle le nom de famille de son mari, Bernard Anthonioz.
- 2.
Consultation nationale réalisée sur l’internet du 2 au 22 septembre 2014, à laquelle répondirent 30 175 personnes. Voir le rapport de Philippe Belaval, président du Centre des monuments nationaux, au président de la République, « Faire entrer le peuple au Panthéon », p. 58.
- 3.
Mona Ozouf, « La Résistance au Panthéon ! », Le Monde, 16 décembre 2013.
- 4.
Voir id., « Le Panthéon. L’École normale des morts », dans Pierre Nora (sous la dir. de), les Lieux de mémoire, t. I, la République, 1984.
- 5.
Exemplaire des Mémoires de guerre exposé au Mémorial Charles de Gaulle, Colombey-les-Deux-Églises, prêt de la famille Anthonioz.
- 6.
Geneviève de Gaulle Anthonioz, la Traversée de la nuit, Paris, Le Seuil, 1998, et le Secret de l’espérance, Paris, Fayard/Éditions Quart Monde, 2001.
- 7.
Abbé Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre, Projet pour perfectionner l’éducation, avec un discours sur la grandeur et la sainteté des hommes, Paris, Briasson, 1728, p. 305.
- 8.
Étudiée par Odile Rudelle, « Constitutionnalisme et modération : l’exemple du Correspondant, un siècle de modération », dans Jacques Prévotat et Jean Vavasseur-Desperriers (sous la dir. de), les Chrétiens modérés en France et en Europe, 1870-1960, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2013.
- 9.
Charles de Gaulle à Paul Reynaud, 20 février 1938, Lettres, notes et carnets, 1919-juin 1940, Paris, Plon, 1980, p. 466.
- 10.
Geneviève de Gaulle, archives orales de la Fondation Charles de Gaulle.
- 11.
Cité par Christine Clerc, les De Gaulle, une famille française, Paris, Nil Éditions, 2000, p. 184.
- 12.
Maïa Wechsler, film Sisters in Resistance, rush, cassette 16, Bdic Paris Nanterre.
- 13.
Geneviève n’entend pas l’Appel mais elle en apprend l’existence en compagnie de sa grand-mère Jeanne de Gaulle à Locminé. Voir F. Neau-Dufour, Geneviève de Gaulle Anthonioz, op. cit., p. 48.
- 14.
Épouse de Pierre de Gaulle, frère cadet du général, Madeleine de Gaulle est en relation avec le réseau du musée de l’Homme. Elle échappe à la répression qui s’abat sur celui-ci et recueille Babeth, la fille âgée de huit ans d’un des membres du réseau, André Taurin, exécuté le 1er juin 1942 au mont Valérien.
- 15.
Brillamment étudié par Olivier Wieviorka, « Destins d’un mouvement de Résistance : Défense de la France », thèse sous la direction d’Antoine Prost, université Paris-I, juin 1992.
- 16.
Cité par O. Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance. Défense de la France 1940-1949, Paris, Le Seuil, 1995, p. 207.
- 17.
Défense de la France, no 34, 20 juin 1943, et no 35, 5 juillet 1943.
- 18.
Dominique Veillon, « Les femmes anonymes dans la Résistance », dans Christine Levisse-Touzé (sous la dir. de), les Femmes dans la Résistance, Paris, Tallandier, 2003, p. 95.
- 19.
Témoignage de Geneviève de Gaulle dans Geneviève de Gaulle Anthonioz ou l’engagement, documentaire de Michel Anthonioz et Alain Lasfargues.
- 20.
Citée par Caroline Glorion, Geneviève de Gaulle, Paris, Plon/Éditions du Quart Monde, 1997, p. 27.
- 21.
Voir Pierre-Emmanuel Dufayel, Un convoi de femmes, 1944-1945, Paris, Vendémiaire, 2011.
- 22.
Témoignage de Germaine Tillion, recueilli par l’auteur, 5 novembre 2003.
- 23.
Bernard Anthonioz (1921-1994). Après des études de lettres à Lyon, il entre en contact en 1940 avec Stanislas Fumet (Temps nouveau), Emmanuel Mounier (Esprit) et le groupe Témoignage chrétien. Résistant, il est notamment secrétaire de rédaction des Cahiers du Rhône dirigés par Albert Béguin. Il édite durant cette période des textes majeurs de Jacques Maritain, Vercors et Bernanos. Proche d’André Malraux, il travaille après la guerre pour les éditions d’art Skira. Chargé de mission au cabinet d’André Malraux dès juin 1958 et jusqu’en 1962, il devient ensuite chef du Service de la création artistique (1962-1979) à l’administration centrale des Affaires culturelles. En 1967, il participe à la création du Centre national d’art contemporain (Cnac) puis sera chargé en 1982 de la mise en place des vingt-deux fonds régionaux d’art contemporain.
- 24.
Voix et visages, revue de l’Adir, 1962.
- 25.
Voir Philippe Mezzasalma, « Adir, ou une certaine histoire de la déportation des femmes de France », Matériaux, no 69, janvier-mars 2003.
- 26.
G. de Gaulle Anthonioz, le Secret de l’espérance, op. cit., p. 15-16.
- 27.
Charles Péguy, « De Jean Coste », Pensées, Paris, Gallimard, 1934, p. 23.
- 28.
Nièce de Jacques Maritain, elle a résisté pendant la guerre.
- 29.
Aide à toute détresse, association créée en 1961, qui devient Atd Quart Monde en 1977.
- 30.
Options de base du mouvement Atd.
- 31.
Père Joseph Wresinski, cité dans sa biographie sur le site internet d’Adt Quart Monde.
- 32.
Le « quatrième ordre » est une expression inventée en 1789 par Louis-Pierre Dufourny de Villiers pour désigner les plus pauvres (journaliers, infirmes, indigents…), exclus même du tiers état.
- 33.
Elle bénéficie notamment de l’aide de Maria Widmayer, déportée communiste allemande, qui accepte de la cacher dans un hangar dont elle avait la responsabilité. Voir Anise Postel-Vinay, Voix et visages, no 279, mars-avril 2002, p. 9.
- 34.
Anne-Marie Pavillard, « Les archives de l’Association nationale des déportées et internées de la Résistance (Adir) à la Bdic », Histoire@Politique, no 5, mai-août 2008.
- 35.
G. de Gaulle Anthonioz, « Prier », Ravensbrück. Cahiers du Rhône, Neuchâtel, Éditions de La Baconnière, 1946, cité dans Voix et visages, op. cit., p. 6.