La mutation climatique oblige à prendre en compte une transformation profonde dans les rapports avec la Terre. Cette transformation est résumée dans la figure énigmatique de Gaïa, expression qui renvoie à la fois à de nouvelles sciences de la Terre et de nouveaux mythes. Jusqu’ici, la religion chrétienne, formée à une époque qui ignorait encore cette mutation largement causée par l’activité humaine, n’a pas mesuré l’immensité des enjeux. L’encyclique Laudato si’ du Pape François a joué un rôle d’éveil et d’alerte.
Le but de ce colloque est de laisser la figure nouvelle de Gaïa ébranler autant que possible les formes d’expression de la religion. Il porte autant sur la science du système Terre que sur la mythologie, l’exégèse et la politique.
L’originalité des deux journées sera de combiner des conférences par des spécialistes du sujet, des ateliers d'écriture et une conférence-spectacle par Bruno Latour.
Conférences
Anne-Sophie Breitwiller, Elbatrina Clauteaux, Dominique Coatanéa, P. François Euvé, Martin Föhn, Émilie Hache, Michaël Houseman, Bruno Karsenti, Bruno Latour, Tim Lenton, P. Frédéric Louzeau, Fabian Moos, Camille Riquier, Jean-Louis Souletie, Isabelle Stengers, Eduardo Viveiros de Castro.
Ateliers d’écriture :
Ils sont un modèle maintenant bien connu pour permettre aux intervenants, avec l’aide d’un(e) spécialiste, d’explorer de nouvelles formes d’expression. L’irruption de Gaïa oblige à de profondes modifications dans les métaphores qui servent depuis toujours à l’expression de relations entre le ciel, la terre, la vie, l’enfer, l’avenir, le salut, l’éternité etc. Ces relations sont exprimées de mille façons dans les psaumes, prières, cantiques, rituels, mais aussi dans l’ancrage territorial des églises et des collectifs humains. Il est difficile de les modifier pour les mettre à l’unisson de la mutation climatique par de simples conférences. Il est intéressant de mettre en pratique collectivement des tentatives quitte à se tromper et à tout reprendre. Ce que les ateliers du colloque vont permettre.
Conférence – Spectacle
« MOVING EARTHS »
Par Bruno Latour.
Mise en scène Frédérique Aït-Touati.
Projet avec le soutien de la Fondation Carasso et la participation du DICRéAM
L'affaire Galilée a ébranlé les anciennes visions du monde, la même chose arrive aujourd’hui avec ce que l’on pourrait appeler « l’affaire Gaia ». "L'affaire Gaïa" : hypothèse à la fois scientifique et mythique proposée par James Lovelock et Lynn Margulis. Si « la terre qui se meut » de Galilée est bien connue et a fait l’objet de l’admirable pièce de Bertold Brecht, « la terre qui s’émeut » pour reprendre l’expression de Michel Serres, est beaucoup plus contestée. D’où l’immense intérêt de reprendre la pièce « La Vie de Galilée » mais de lui donner une nouvelle résonance en dressant le parallèle avec « la Vie de Lovelock ».
Ce colloque se tient dans le cadre du séminaire Les sources de l'insensibilité écologique du Collège des Bernardins sous la direction de Bruno Latour et P. Frédéric Louzeau.