Le consensus, profondément établi entre les années 1980 et 2000 selon lequel « there is no alternative » (TNA, Thatcher) au projet de modernisation du capitalisme, s’est effrité. La « world governance » est bien incapable de développer un nouveau projet de société. Il s’est ainsi établi un profond malaise dans la société, un profond fatalisme et beaucoup de morosité. La société telle qu’elle est ne correspond pas aux désirs des individus, tandis que les diverses crises (sociales, économiques, politiques, écologiques, etc.) sont vécues comme une « crise érosion » omniprésente et non-maîtrisable.
Le vécu de la « crise érosion » provoque des critiques publiques très diverses ainsi que le développement d’une certaine autonomie intellectuelle. Mais cette autonomie dans l’acte de penser des avenirs possibles n’est pas en soi libératrice. Les avenirs sont ouverts et des avenirs autoritaires sont une possibilité. Les replis identitaires que l’on observe un peu partout dans le monde en sont un indice frappant.
On a également pu constater un certain renouveau de courants critiques au sein des sciences sociales. Leurs positions, leurs approches et leurs démarches sont cependant très disparates en ce qui concerne leurs références théoriques, leurs objets, leurs méthodes ainsi que leurs finalités. En outre, les positions critiques en sciences sociales ne correspondent ni aux profils des disciplines académiques ni au démarches interdisciplinaires établies.
Au cours de ce séminaire, il s’agira de rappeler que les théories critiques ne se satisfont pas de la dénonciation des souffrances et des frustrations vécues mais elles visent une compréhension des raisons pour lesquelles la société est devenue ce qu’elle est et pour lesquelles elle dispose d’un potentiel pour se dépasser et surmonter les impasses du temps présent.
Il s’agira ainsi de nous pencher sur :
- Les critiques publiques contemporaines : acteurs, objets et formes de leurs critiques, raisons d’agir, visions du monde, espaces publics
- Les théories critiques contemporaines en sciences sociales : argumentations et finalités
- La question de la conjonction (im)possible entre les critiques publiques et les théories critiques en sciences sociales.
- Les signes d’un renouveau de l’activité critique, empruntant non seulement aux théories critiques établies, mais aussi à la critique littéraire, à l’herméneutique contemporaine, aux humanités digitales etc.
Lieux : Institut Mines-Télécom (IMT / TEM, salle E102), 46 rue Barrault, Paris 13è, Métro : Corvisart & Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH), Maison Suger, Paris 5è, Métro : Odéon
Programme :
- Jeudi 9 février 2017, 17h-19h (FMSH, Maison Suger): Mark Hunyadi, Professeur de philosophie morale et politique à l’Université de Louvain : Quelle tâche critique de la philosophie dans le contexte de la neutralisation libérale du monde ?
- Jeudi 9 mars 2017, 17h-19h (FMSH, Maison Suger) : Juan Alonso Aldama, Maître de conférences en sciences du langage à l’Université Paris Descartes : Crise et incertitude : régimes sémiotiques de l'imprévisibilité
- Jeudi 6 avril 2017, 17h-19h (IMT / TEM, salle E102): Alice Canabate, chercheure en sociologie au LCS de l’Université Paris Diderot : Au-delà des crises écologiques ?
- Jeudi 11 mai 2017, 17h-19h (FMSH, Maison Suger): Pierre-Antoine Chardel, Professeur de philosophie sociale et d’éthique à l’IMT / Télécom Ecole de Management : Crise de mots et lignes de résistance
Séminaire de recherche du LASCO IdeaLab de l’IMT
Crises et Critiques
sous la direction de
Pierre-Antoine Chardel & Jan Spurk
en collaboration avec
la Fondation Maison des Sciences de L’homme (FMSH)
et le soutien de
Philépol / Université Paris Descartes – Faculté des SHS Sorbonne
Ethos / Télécom Ecole de Management – Business School de l’IMT
Centre Edgar Morin – IIAC / CNRS - EHESS