
La Philosophie d'Émile Zola."Faire de la vie", d'Arnaud François
Arnaud François décide d’écouter cette formule à la fois discrète et persistante sous la plume d’Émile Zola, étonnante au regard de la grammaire et de la philosophie, et qui perturbe le régime habituel des métaphores naturalistes : il est des rues, des magasins, des activités humaines qui, plus que d’autres, « font de la vie ». Cette vie-là, qu’il est possible de mettre au partitif (de la vie) et qu’on peut reconnaître à une ou plusieurs personnes de faire à un degré plus important que d’autres, c’est une vie-vivacité qui ne se confond ni exactement avec le vécu individuel, ni exactement avec la vie biologique, quoiqu’elle puisse avoir rapport avec eux et même les réunir.
En suivant le fil de cette expression, Arnaud François met au jour une philosophie zolienne de la vie, continue et de plus en plus complexe, y compris dans ceux des romans des Rougon-Macquart qui relèvent le plus apparemment de ce déterminisme et de ce pessimisme qu’on se plaît à considérer comme les derniers mots de la pensée de Zola. Cette philosophie tient à une caractérisation progressive de la vie comme désir, comme poussée, comme mouvement, enfin comme travail, par laquelle Zola, sans se défaire de sa croyance en l’hérédité de l’acquis, se détache de plus en plus de la conception d’un monde gouverné par la dégénérescence. La vie travaille : le corollaire essentiel de cette découverte, c’est que nous pouvons prolonger l’effort de la vie en trav