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Notes de lecture

L'esthétique des villes

septembre 2012

#Divers

 

 

 

Émile Magne décrit le décor de la rue pour en saisir le mouvement qui ne se limite pas à celui des piétons, d’où deux séquences sur les cortèges, les marchés, les bazars, les foires mais aussi sur les affiches et les cimetières. L’ouvrage s’achève sur une architectonique de la cité future après deux chapitres consacrés à l’esthétique de l’eau et à celle du feu et à leur usage dans les fêtes urbaines (fêtes d’eau ou feux d’artifice). Cet homme de lettres (1877-1953), présenté ici par Thierry Paquot qui nous apprend qu’il a parallèlement écrit sur des châteaux et sur Nicolas Poussin, souligne le double rôle de la rue comme espace festif et théâtral et comme lieu de rencontre improvisée. En cela, la rue est un espace public à part entière (un « mélangeur ») et non pas un établissement public comme l’est un hôpital ou une mairie. Espace ouvert à tous les vents, qui met en relation du privé et du public, la rue est aujourd’hui en voie d’être privatisée au double sens des usages privés (la marche avec le portable évacue la proximité proche), et de l’extension des commerces sur la voie publique et leur occupation croissante des rues piétonnes. C’est ce que montre bien le livre récent de Nicolas Soulier qui en appelle à une reconquête des rues. Alors que celles-ci étaient assimilées à des « pollutions » à bannir pour les modernistes des congrès internationaux d’architecture moderne (Ciam), elles sont aujourd’hui le plus souvent inexistantes dans le nouveau monde urbain des pays émergents, ou bien en voie de privatisation. Reste à s’interroger sur ce double mouvement de publicisation du privé et de privatisation du public. Il n’est pas sûr que l’opposition tranchée entre privé et public (à la Hannah Arendt) tienne bien la route.

O. M.

 

 

 

Infolio, 2012
258 p. 10 €