
QU’EST-CE QUE L’ESPRIT EUROPÉEN ?
Dans ces pages inédites, fort éclairantes et jamais pesantes, directement publiées en poche, l’auteur fait écho à ses travaux antérieurs (voir la reprise de la Liberté et la loi de 2000 sous le titre des Origines philosophiques du libéralisme, dans la même collection, en 2010). Ne se satisfaisant pas d’une approche académique, il s’efforce ici de répondre à des débats qui traversent notre présent. S’interrogeant sur l’Europe, il ne s’attarde pas sur la question de l’identité ou sur celle des valeurs spécifiques (faut-il les reconnaître ou non dans une charte ?), il n’alimente donc pas le débat sur l’universalisme et le relativisme, et constate que l’Europe n’est pas « post-nationale » puisqu’elle correspond à une tentative de fédérer des États-nations. Ainsi traverse-t-il des pensées inaugurales de la modernité européenne (Locke, Nicole, Donat, Smith) afin d’en souligner l’esprit et de cerner notre héritage idéologique. À quoi renvoie cet esprit ? Essentiellement à deux pôles : le pôle de la liberté, de l’individualité d’un côté et l’instance de l’autorité légitime de l’autre. « D’où ce fil conducteur : le principe fécond en Europe est le retour de l’esprit sur soi, attitude visant à se former, se transformer et s’enrichir. Mais “Connais-toi toi-même” veut dire aussi : fais-le à partir d’une règle, d’un repère d’universalité, d’une autorité de référence que tu reconnais afin que l’autonomie intellectuelle se réalise progressivement et avec fruit. » Or, c’est sur cette base que doit être reposée la question d’une Constitution pour l’Europe. Ce qui le conduit finalement à porter un regard inattendu sur le devenir immédiat de l’Europe qui dispose d’une force juridique et d’un flou politique qui ne sont pas une tare définitive. Il ne reste alors qu’à cultiver l’esprit européen dans un monde qui ne se décline plus « à l’européenne. »
O. M.