Tunisie : le temps de la fondation
Les Tunisiens sont appelés à élire une assemblée qui déterminera la nouvelle constitution du pays. Par ce choix, ils ont affirmé la volonté de mener leur révolution jusqu’au bout : il ne s’agira pas, comme ailleurs, d’une révolte qui met sur la touche un vieux dirigeant déconsidéré mais bien la fondation d’un régime différent, et la volonté de reprendre son histoire en main.
« La Tunisie est un peuple, pas un gouvernement. »
La révolution, en Tunisie, est omniprésente : elle est sur toutes les lèvres, du chauffeur de taxi aux intellectuels, à la radio comme dans les journaux, dans les restaurants où sont exposées des toiles sur la nouvelle Tunisie, comme dans la rue. La révolution tunisienne a eu pour premier effet de libérer la parole, une parole trop longtemps réprimée, interdite : d’où une frénésie de débats, une avidité à donner son avis sur tout et à exprimer des revendications ; à l’excès parfois, se plaignent nombre d’interlocuteurs tout en manifestant une grande indulgence pour cet inévitable emballement. Sur l’avenue Bourguiba, les vestiges glorieux de la révolution subsistent, et no