Albert Camus, prix Nobel au cœur de la tourmente algérienne
L’attribution du prix Nobel en 1957 ne correspond pas à une consécration pour Albert Camus. Jeune, isolé, il attire le mécontentement de toutes les chapelles. Mais ce prix intervient surtout alors que Camus tente de maintenir une position personnelle sur l’affaire algérienne, où il se trouve pris entre deux feux. Cinquante ans après, sa position est-elle mieux comprise ?
« Je comprends qu’on discute mon œuvre. C’est à moi qu’elle paraît discutable, et en profondeur. Mais je n’ai rien à dire si on fait le procès de ma personne. Toute défense devient ainsi apologie de soi. Et ce qui est frappant, c’est cette explosion d’une détestation longtemps réprimée […] Je ne m’explique pas l’extrême vulgarité de ces attaques. […] Ces messieurs veulent, appellent, exigent la servitude. Ils seront probablement servis. À leur santé. »
Le 16 octobre 1957, Albert Camus est attablé au premier étage d’un restaurant du Quartier latin lorsqu’un jeune chasseur vient lui annoncer qu’il a reçu le prix Nobel de littérature. Camus devient pâle, paraît bouleversé et commence à répéter inlassablement que ce prix aurait dû al