L'éducation artistique et les émotions démocratiques
L’ouverture des élèves à l’art est un serpent de mer des réformes éducatives. Mais il ne faut pas aborder la question de l’éducation artistique sous le seul angle de l’« apprentissage ». Il s’agit en effet de créer des rencontres, par la pratique ou la confrontation aux œuvres, pour faire naître les « émotions démocratiques » dont parle Martha Nussbaum, et qui sont aussi de l’ordre de la pensée.
Au moment où se prépare une refondation de l’école, je voudrais réunir ici deux ou trois idées à propos de l’éducation artistique pour les proposer à ceux qui essaient de faire une place à cette part de l’éducation dans la formation des élèves, collégiens et lycéens.
Essayer, oui, parce que, malgré les affirmations de campagne, puis les proclamations de ceux qui sont en charge de mettre ces promesses en œuvre, la tâche est difficile. Voilà vingt, trente ans que des militants de cette cause s’attachent à la faire progresser, et les résultats sont à la fois passionnants lorsqu’ils touchent aux réussites des pratiques mises en place et maigres lorsqu’ils concernent leur généralisation. Seule une décision politique forte permettra d’implanter pour de bon cette éducation dans le système scolaire français.