
Gouvernementalités
La gestion de la crise sanitaire donne un exemple édifiant de ce que Michel Foucault appelait la gouvernementalité, autrement dit l’exercice d’un pouvoir qui cible essentiellement les populations. Il est à craindre que ce pouvoir verse dans l’autoritarisme, s’il perd de vue l’intérêt collectif et s’en remet aux experts.
Michel Foucault définit la gouvernementalité comme la façon de gouverner une population. Il s’agit d’identifier les grandes lois statistiques de comportement, et de réglementer, tarifer, interdire, de façon que le résultat des actions « libres » de chacun conduise à réaliser les objectifs du gouvernement. Comme pour l’économie du bien-être (welfare), le cadre naturel de la gouvernementalité est celui du libéralisme, et Foucault associe le développement du néolibéralisme à cette logique de la gouvernementalité. La question démocratique nécessite alors une articulation entre gouvernants et gouvernés qui n’est simple ni à penser ni à mettre en œuvre, comme le soulignent certains débats contemporains. Après avoir étudié le cas exemplaire que constitue la pandémie actuelle, nous nous interrogeons sur la réconciliation possible de l’idée de gouvernementalité avec celle de démocratie.
Du pastorat à la pandémie
Foucault nomme « gouvernementalité » une certaine logique de gouvernement, à comprendre comme « l’ensemble constitué par les institutions, les procédures, analyses et réflexions, les calculs et les tactiques qui permettent d’exercer cette forme bien spécifique, quoique très complexe, de pouvoir qui a pour cible principale la population1 ». La gouvernementalité est pour lui une évolution historique du pastorat. L’Église chrétienne a travaillé et transformé l’idée pastorale de conduite d’un troupeau jusqu’au xvie siècle. À l’époque, ce qui distingue le souverain du pasteur est l’assise territoriale de l’un et l’appui sur un collectif d’individus de l’autre. À partir de cette période, un transfert s’est opéré en direction du souverain et de son administration, qui les a progressivement inscrits dans une logique pastorale de gouvernement visant la population, catégorie qui prend alors son essor.
À partir du xviiie siècle, en lien avec l’affirmation de l’idée d’individu, le gouvernement se définit de plus en plus de la façon suivante : il existe, au niveau de la population, des lois de comportement qui ont une forme de naturalité et qui règlent l’évolution démographique, économique et sociale de la population. Ces lois s’expliqueraient par des comportements individuels, mus par le désir. Un gouvernement ne peut pas remettre en cause ces lois ; en revanche, compte tenu de ces lois, il cherche ce qui permet la réalisation des objectifs du souverain (moins de disette, plus de finances pour la guerre, etc.).
Il dispose de deux modes d’action : la gouvernementalité et la surveillance. On peut souligner leur différence et leur complémentarité sur une question contemporaine : celle des données personnelles. L’utilisation d’une information relative à une personne précise pour interdire ou déclencher une action spécifique relève de la surveillance. Le fait de récupérer une masse d’informations, d’effectuer un traitement statistique permettant de prévoir le comportement de tel individu, dès lors qu’il aura été catégorisé de façon simplifiée, et de déclencher une action, relève de la gouvernementalité. C’est également le cas lorsque l’État français décide de modifier le système fiscal ou de lancer un programme d’investissement sur la base des analyses et prévisions de l’Insee.
Même les nudges, ces incitations à la mode depuis Obama, relèvent de la gouvernementalité, ainsi que le fait de subventionner préférentiellement des créations artistiques portant les idées de la transition écologique… Et, évidemment, parmi des exemples nombreux et très divers, le dernier en date a suscité de nombreuses réactions : inciter à une vaccination de toute la population en instaurant un « passe sanitaire » et en réglementant l’accès à certains services.
Foucault montre combien le libéralisme s’inscrit dans cette logique de gouvernementalité, puisqu’il s’agit de laisser chacun « libre », tout en s’assurant que les comportements individuels conduisent à la réalisation des objectifs globaux. L’articulation entre les deux idées a conduit, dans le courant du xxe siècle, à imposer l’homo œconomicus en faisant converger libéralisme politique et économie néolibérale.
La puissante idée néolibérale est en effet qu’il suffit de mettre les agents économiques dans certaines conditions pour pouvoir espérer d’eux qu’ils se comportent comme l’État a besoin qu’ils le fassent. On parle de fiscalité optimale, de tarification optimale des services publics ou, plus directement, de contraintes légales ou réglementaires. Dans ce cadre, les agents sont « libres », mais font ce que l’État attend d’eux : travailler, consommer, entreprendre, investir, innover, faire des enfants, etc. En démocratie, la légitimité de cette logique s’appuie sur l’hypothèse que le gouvernement a comme critère l’intérêt général, ce que l’économie du bien-être présuppose. La boucle est alors bouclée : selon l’économie du bien-être, le libéralisme économique est la meilleure façon de servir l’intérêt général2.
Personne ne formule véritablement ce qu’est l’intérêt général. Mais, en démocratie, l’articulation entre Parlement et gouvernement est censée l’atteindre : le législatif exprime les attentes et les ambitions des citoyens ; l’exécutif met en œuvre des politiques permettant de les réaliser au mieux.
Aujourd’hui, la gestion de la pandémie a mis sur le devant de la scène cette question de la gouvernementalité. Il s’agit en effet de s’appuyer sur des prévisions de diffusion de l’épidémie et de décider des meilleures politiques sanitaires en faisant des hypothèses de comportements en réponse à ces politiques, sous la contrainte du nombre de places en réanimation dans les hôpitaux. Les modèles épidémiologiques ont rapidement intégré les effets espérés des différentes actions publiques envisageables. Une forme d’apprentissage et d’expérimentation est à l’œuvre depuis 2020 permettant d’espérer identifier la « bonne » politique (confinement, masque, transports, fermeture des écoles…)3.
Nous avons donc là un cas assez pur, raisonnant au niveau de la population, permettant de déterminer les meilleures parades à la crise sanitaire. Mais sur la base de quels critères ? Minimiser le nombre de morts ? Le nombre de cas graves ? D’autres critères au-delà des aspects purement sanitaires ? La logique démocratique aurait requis ici que le Parlement joue pleinement son rôle dans certains arbitrages. Ce ne fut pas le cas.
Assumer la gouvernementalité
Le « quoi qu’il en coûte » présidentiel de mars 2020 s’est en effet rapidement heurté à une autre réalité : le coût économique et social du confinement pouvait légitimement être mis en balance des vies sauvées. Fallait-il sacrifier un an ou plus de vie sociale et d’enseignement à nos enfants ? Fallait-il, malgré les soutiens apportés aux entreprises, prendre le risque d’une crise économique qui, elle aussi, pouvait se révéler meurtrière pour les plus fragiles ?
L’opinion publique n’a pas laissé longtemps le président se réjouir de sa formule initiale. Elle a rapidement pointé les incohérences ou plutôt les silences du gouvernement, notamment lors des reprises d’activité jugées prématurées.
Pour savoir quelle était la « meilleure » solution, des modèles associant épidémiologie et économie ont été développés : l’arbitrage est alors explicite entre gestion sanitaire et économie, au moins en termes de prises de risque. Pour cela, on donne une valeur à la vie humaine et on prend comme critère, par exemple, le produit intérieur brut du pays moins le nombre de morts multiplié par cette valeur de la vie humaine. Il s’agit ensuite de trouver la politique sanitaire qui maximise la somme actualisée de ce critère pour les années qui viennent. Le critère peut être élargi à la prise en compte du nombre de chômeurs, ou de jeunes sortis du système scolaire sans diplôme, à nouveau en donnant une « valeur » à chacun.
Mais comment assumer publiquement une gouvernementalité explicitant une valeur à la vie humaine aujourd’hui, arbitrée avec un nombre de chômeurs demain ? On pourrait laisser implicite la valeur de la vie humaine en se donnant seulement des limites : nombre de morts versus nombre de chômeurs. Certes, on éviterait ainsi de chiffrer la vie humaine ou la valeur d’avoir un travail, mais l’arbitrage resterait explicite et toujours aussi difficile à assumer politiquement. En effet, c’est pourtant bien en ces termes que se pose la question de gouvernementalité de cette crise sanitaire (en l’élargissant également aux conséquences psychologiques des confinements, à l’absence de vie sociale des jeunes, à l’absence d’école, etc.). Là où des travaux de fiscalité optimale ne gênent personne, les questions sociales et sanitaires sont plus délicates.
Au fond, ce qui est le plus gênant dans la gestion de cette crise est l’absence d’articulation entre gouvernement et Parlement. Les dernières évolutions de la Ve République – notamment l’élection des députés après celle du président, de façon à lui assurer une « majorité de gouvernement » – rendent d’ailleurs toute articulation factice4. On comprend pourtant en quoi l’idée démocratique réclame que ces arbitrages entre jeunes et vieux, entre morts de maladie et pauvreté extrême, soient le fait du Parlement. Jamais, au cours de cette crise, ne nous a été présentée une décision qui aurait été légitimée par l’issue d’un débat parlementaire. Il y eut des débats, mais les résultats étaient chaque fois connus par avance.
La création d’un conseil scientifique auprès de l’exécutif, à grand renfort de communication, n’a fait qu’ajouter du trouble. Si un conseil scientifique public était à mettre en place, c’était auprès du Parlement, afin d’éclairer un véritable débat public. Que l’exécutif s’appuie dans sa gestion sur des experts, rien de plus normal, mais les enjeux ne sont plus ceux du débat.
Des politiques économiques « réalistes »
En réalité, ce qui est mis en exergue aujourd’hui mérite depuis longtemps qu’on s’interroge collectivement. L’évidence supposée de politiques économiques « réalistes » relève en effet du même procédé de gouvernementalité esquivant le débat public. Très souvent en effet, la réponse à des revendications sociales est celle du « réalisme ». La contrainte de la dette, souvent renforcée par nos engagements européens, est agitée pour faire taire toute idée qui pourrait s’avérer trop coûteuse pour l’État. Il existe nécessairement un grand nombre de contraintes qui s’imposent à toute gouvernementalité. Heureusement, certains sont capables de voir mieux et plus loin que leurs concitoyens ! Mais de telles pensées, surtout lorsqu’elles s’accompagnent d’une forme de mépris, condamnent la démocratie.
D’autant que, parmi ces contraintes, nos amis économistes – et les politiques qui s’y réfèrent – oublient la contrainte la plus essentielle : la nécessité qu’existe le collectif qui justifie la gouvernementalité – « nation », « pays », « République », les termes sont nombreux pour en parler. Or il convient de s’assurer qu’une réalité fonde ces termes. Le pastorat réclame un troupeau. Si celui-ci disparaît ou se comporte d’une façon que la gouvernementalité ne comprend pas (plus de deux tiers d’abstention aux dernières élections), que devient le pasteur ?
Et ce que nous observons, c’est une disparition de ce collectif en tant qu’ensemble de personnes ayant une intentionnalité commune. Lorsque l’abstentionnisme est au niveau de celui des dernières élections régionales, on peut considérer que le collectif n’existe plus. Lorsqu’une part significative de la population soutient une grève des retraites, pourtant stigmatisée comme celle de cheminots « très privilégiés », ou soutient le mouvement des Gilets jaunes, dont sont pourtant soulignés les moindres débordements, là encore, le collectif requis par le principe de gouvernementalité perd son sens. Même la « guerre » déclarée par l’exécutif contre le virus ne l’a pas recréé.
Les choix faits lors des crises de 2010 et de 2020 ont montré que les arbitrages savaient parfois relativiser les contraintes budgétaires. Les tensions dans les hôpitaux de ces dernières années, en revanche, n’avaient pas suffi à émouvoir les gouvernements. Il aura fallu que la crise hospitalière soit suivie de la pandémie pour que le sujet soit mis sur la table.
La gouvernementalité réclame de prendre en considération les dimensions sociales, sociétales, sanitaires, environnementales… S’acharner à rendre le « gâteau » le plus gros possible pour le redistribuer ensuite n’est pas la bonne façon de faire. Il faut le faire en y intégrant d’emblée des ingrédients ou des contraintes d’une nature non marchande mais essentielle à la pérennisation du système lui-même.
D’ailleurs, les penseurs « libéraux démocrates » ont depuis toujours considéré le risque d’une révolte d’une partie de la population, car elle peut faire dérailler le dispositif de la gouvernementalité. Pour la classe dirigeante, l’optimum est sans aucun doute dans un niveau de pauvreté qui évite l’insurrection – mais suffisamment important malgré tout pour éviter tout désœuvrement. Comme le souligne Giovanna Procacci, il ne s’agit pas de trouver une solution à la misère, mais de la gouverner5. Les pères du libéralisme économique expliquent en effet qu’il faut payer les ouvriers, mais pas trop, afin qu’ils conservent la valeur travail et qu’ils évitent la boisson et le désœuvrement.
Ainsi posée, la gouvernementalité véritablement rationnelle – ce dont on est assez éloigné – est difficilement réconciliable avec l’idée qu’on se fait d’une démocratie. Seule une articulation démocratique entre gouvernants et gouvernés particulièrement réussie permettrait d’imposer à la gouvernementalité des critères qui soient le choix de tous.
Gouvernementalité et dérives autoritaires
Lorsque les personnes au pouvoir pensent inutile – ou sont incapables – d’entendre les citoyens, lorsque les représentations des uns et des autres diffèrent au point de juxtaposer deux mondes, alors le glissement de la gouvernementalité vers l’autoritarisme est inéluctable. Michaël Fœssel souligne ainsi le lien entre avancées néolibérales et société sécuritaire : l’appel à la vigilance qui renforce le « sécuritarisme » n’est que l’aboutissement de cette gouvernementalité qui « décentralise » l’optimum d’efficacité économique en s’appuyant sur les comportements de chacun6.
C’est aussi le gouvernement des experts, censé contrebalancer les jeux politiques, qui éloigne la gouvernementalité de la démocratie. Il est fascinant de voir combien l’opinion des « experts » suit les mêmes mécanismes que ceux de l’opinion tout court. Toute pensée déviante réclame, pour être soutenue, une dose de mégalomanie et d’obsessionnalité qui renforce le caractère polémique de son auteur et la rend facile à disqualifier. La démocratie participative, s’appuyant pour éclairer le citoyen sur des experts – forcément bien choisis –, ressemble alors au « dernier raffinement de la tyrannie ».
Lorsque la confiance est perdue, toute gouvernementalité est condamnée à glisser vers une forme de totalitarisme.
Lorsque la confiance est perdue, toute gouvernementalité, aussi « bien-pensante » soit-elle, est condamnée à glisser vers une forme de totalitarisme. La gouvernementalité s’appuie en effet sur une représentation du monde et vise à le totaliser. Lorsque cette représentation est imposée à tous, l’autoritarisme devient totalitarisme. Les citoyens deviennent alors de plus en plus incompétents et indisciplinés aux yeux des gouvernants, élargissant le fossé entre les deux et renforçant le mouvement vers le totalitarisme. Le respect de l’histoire de chacun, essentiel pour qu’un discours libéral puisse tenir sa promesse du respect des droits individuels, n’est plus alors compatible avec l’idée de gouvernementalité.
Réconcilier gouvernementalité et démocratie
Toute gouvernementalité est-elle condamnée à être néfaste à la société ? C’était le point de vue initial de Foucault. Pourtant, l’idée de raison, celle des Lumières, consiste bien à intégrer la raison calculante dans le domaine du politique. L’impératif kantien ne s’oppose pas à la considération de l’autre comme « moyen » dès lors qu’il est également considéré comme « fin ». Il s’agit bien d’user de la raison, mais il faut pour cela qu’elle calcule bien, et juste. N’est-ce pas là le souci d’aujourd’hui ?
Dans sa Critique de la raison utilitariste, Alain Caillé laissait la porte ouverte à une pensée rationnelle, dès lors qu’elle ne se limite pas à la recherche d’une satisfaction égoïste, mais qu’elle prend en considération les attentes des autres et leurs réactions prévisibles7. Ce qui serait alors en cause dans la gouvernementalité est la représentation trop fruste des « désirs » de chacun.
Foucault lui-même, dans ses derniers cours au Collège de France, voit dans le gouvernement de soi et des autres une clé pour vivre mieux8. Il n’a pas eu le temps, semble-t-il, d’articuler ce travail à sa vision critique de la gouvernementalité. Il montre néanmoins combien la prise en compte des attentes et réactions des autres (le « calcul ») peut être le moyen d’aider à l’émancipation de tous.
Il semble alors possible de réconcilier la gouvernementalité aux valeurs des Lumières. Pour cela, la raison ne doit plus être réservée aux seuls gouvernants. Il faut que l’on accorde également aux citoyens une telle ambition, celle d’un « calcul » qui intègre le bien-être des autres, leurs peurs, leurs rêves, et les conséquences de leurs actes.
La solution n’est donc pas de refuser l’idée de gouvernementalité, mais bien de faire en sorte que chaque citoyen en fasse son mode de pensée. Qu’on enseigne dans nos écoles à intégrer dans ses représentations celles des autres, qu’une logique spéculaire s’installe naturellement. Le découragement que nous éprouvons presque tous face à la montée de l’individualisme n’est pas une fatalité. Il est le fruit des représentations trop simples que nous avons pris l’habitude de considérer. S’habituer à réfléchir en anticipant ce que les autres attendent conduit au machiavélisme, archétype de la gouvernementalité, lorsque le Prince – ou son conseiller – est seul à le faire. Lorsque tous le font, le monde change.
L’enjeu est de faire que chaque citoyen se soucie des autres pour chaque jugement, pour chaque action, en anticipant ce qu’il adviendra d’eux. Bien sûr, cette rationalité sera forcément limitée, mais elle pourra également s’apparenter à l’idée du jugement politique que défendait Arendt à partir de Kant : cette capacité à voir avec les yeux des autres, tout en restant soi-même, cette capacité à prendre part au débat politique.
De même, enseignons à chacun ce que sont les lois auxquelles collectivement nous croyons, qu’il s’agisse d’économie, d’humanités ou de physique. Chaque enfant doit pouvoir se prétendre apte à gouverner un jour, à être citoyen. Cette finalité donnée à l’école l’éloigne en apparence de l’efficacité recherchée dans sa meilleure articulation avec le monde du travail, mais les gains pour l’ensemble de la collectivité seraient rapidement considérables.
Alors la gouvernementalité au niveau national intégrera cette véritable rationalité au niveau de chacun, et non plus des comportements repliés sur soi et sécuritaires. La gouvernementalité pourra être celle de la souveraineté populaire, qui trouvera elle-même les institutions qui lui permettront d’être effective. La forme institutionnelle de notre démocratie en sortira changée et l’idée de République pourra alors prendre tout son sens.
- 1. Michel Foucault, Sécurité, territoire, population. Cours au Collège de France (1977-1978), Paris, EHESS/Gallimard/Seuil, 2004, p. 111-112.
- 2. L’économie du bien-être dérive de la théorie de l’équilibre général, qui suppose que chacun cherche indépendamment des autres à maximiser sa propre satisfaction. L’optimum collectif est alors « décentralisé » par les comportements individuels, selon la formalisation de la « main invisible » d’Adam Smith.
- 3. Même si peu de modèles épidémiologiques modélisent explicitement un tel apprentissage, voir Marie Garin et al., “Epidemic models for Covid-19 during the first wave from February to May 2020: A methodological review” [en ligne], 2021. Ce dernier se fait par une modification progressive des hypothèses de diffusion et de réponses aux politiques sanitaires.
- 4. Aussi factice que l’obligation de promulguer une loi pour prolonger l’état d’urgence : l’état d’urgence sanitaire peut être décrété en conseil des ministres pour un mois, mais ne peut être prolongé qu’avec la promulgation d’une loi.
- 5. Voir Giovanna Procacci, Gouverner la misère. La question sociale en France (1789-1848), préface de Michelle Perrot, Paris, Seuil, 1993.
- 6. Voir Michaël Fœssel, État de vigilance. Critique de la banalité sécuritaire, Lormont, Le Bord de l’eau, 2010 (rééd. Points, 2014).
- 7. Voir Alain Caillé, Critique de la raison utilitariste. Manifeste du MAUSS, Paris, La Découverte, 2003. Voir aussi Jean-Pierre Dupuy, « Vers l’unité des sciences sociales autour de l’individualisme méthodologique complexe », Revue du MAUSS, no 24, 2004, p. 310-328.
- 8. Voir M. Foucault, Le Gouvernement de soi et des autres. Cours au Collège de France (1982-1983), Paris, EHESS/Gallimard/Seuil, 2008.