Une vie à crédit. Brève chronique de l'endettement permanent
Brève chronique de l’endettement permanent
On parle beaucoup de dépendance, d’assistanat, pour fustiger ceux qui « profiteraient » de la munificence de l’État. Cet article montre la souffrance des personnes qui vivent dans l’endettement permanent, prisonnières du temps et de l’argent, soumises à un décompte permanent dans une économie de plus en plus « désencastrée » dont disparaissent progressivement le collectif et la solidarité informelle.
Après la décennie de l’argent fou, de l’argent roi, un ton plus austère s’impose à nouveau et l’austérité semble en effet faire se rejoindre les deux bouts de l’économie et de la morale dans les domaines de la fiscalité, de la politique familiale ou de celle des retraites. Mais si les discours peuvent osciller d’un bord à l’autre, l’expérience sociale ne change qu’insensiblement, tant s’affirme pérenne dans notre histoire sociale la polarité entre ceux pour qui « le temps, c’est de l’argent », qui arbitrent sans cesse entre l’otium et le negotium, entre le loisir et le travail, et ceux dont on dit qu’ils ont tout le temps, parce qu’ils ne travaillent pas, mais dont le temps ne vaut rien, ceux pour qui « l’argent, c’est du temps », parce qu’il s’agit sans cesse de tenir jusq