
Jésus t'aime ! La déferlante évangélique, de Lamia Oualalou
La « déferlante évangélique », comme dit le sous-titre, est désormais assez bien documentée (voir, dès mars-avril 2007, le numéro spécial d’Esprit, « Effervescences religieuses dans le monde »). Mais, même s’il est sorti avant l’élection de Jair Bolsonaro, ce livre décrit précisément et de manière très vivante la vague brésilienne qui a porté celui-ci au pouvoir. Il en rappelle les multiples dimensions : religieuse, politique, économique, médiatique, morale, populaire, consumériste… Mais ce qui n’est pas dit avec ces mots, c’est la visibilité tapageuse et le prosélytisme actif des individus et des assemblées évangéliques, qui « déferlent » en effet et infiltrent l’ensemble des institutions (scolaires et hospitalières par exemple, et même l’Assemblée nationale) et des professions (y compris la police). De l’extérieur, on retient souvent le rigorisme moral des évangéliques en matière sexuelle (surtout pour les femmes), leur opposition à l’homosexualité et au « genre », le goût de l’argent chez les dirigeants. Une analyse plus fine montre qu’individuellement, ils prennent des libertés avec leur groupe, au moment du carnaval par exemple ou pour faire la fête et boire, avant de revenir. Dans ce contexte, l’Église catholique plie et recule en nombre et en influence. Pour se maintenir, elle en est quitte à imiter ces concurrents bruyants sur le terrain de l’effervescence (l