
Sociologie de la Corse, de Jean-Louis Fabiani
L’auteur m’apprend que si j’allais en Corse, je serais probablement, en tant que touriste « à faible participation », traité de « mangeur de tomates » (pumatagho) : « La stigmatisation du touriste de classe moyenne… est une activité à plein temps. » Ce clin d’œil pour dire l’intérêt multiple de ce petit livre, qui en apprendra beaucoup autant aux enamourés de la Corse et de ses beautés qu’à ceux qui vivent dans le désamour avec elle, principalement à travers le prisme des nationalistes peu engageants et des faits divers violents qui défraient régulièrement la chronique. Les transformations économiques des cinquante dernières années, la modernisation politique contrastée, la culture traditionnelle réappropriée, le rôle désormais essentiel du tourisme (qui explique l’aversion pour les mangeurs de tomates) : tout est abordé avec une rigueur de bon aloi, soucieuse de lucidité et de vérité, sur les questions qui fâchent et les autres, à propos d’un pays (et d’un arrière-pays) dont Fabiani connaît parfaitement la politique, les problèmes sociaux, l’histoire, la culture et les traditions, en tant que natif et pour y avoir travaillé.
Jean-Louis Schlegel