
Mémoire multidirectionnelle. Repenser l'Holocauste à l'aune de la décolonisation, de Michael Rothberg
La notion de « mémoire multidirectionnelle » a pris place parmi les outils théoriques que l’on convoque pour discuter les questions liées aux violences du passé. Toutefois, elle recouvre à la fois une interprétation théorique et l’engagement d’un véritable intellectuel.
Ainsi, une première partie du livre est consacrée à l’œuvre de Hannah Arendt à laquelle l’auteur, tout en lui reconnaissant un apport « crucial », reproche de ne pas prendre en compte la question coloniale, cédant en cela à des « aveuglements typiques pour les Européens de l’époque ». Il lui oppose la lecture qu’opère Aimé Césaire du fait colonial, du nazisme et de la brutalisation des Européens.
Michael Rothberg tient ainsi un propos critique sur les études concernées par les violences collectives grâce à un double corpus primaire, principalement littéraire, renvoyant au nazisme et à la colonisation.
La multidirectionnalité consiste à dévoiler les points aveugles et à se dresser contre les modes de pensée binaires qui entretiennent la vision d’antagonismes irréductibles, comme la notion de « guerre » (ou de « concurrence ») des mémoires. Dès son introduction, Rothberg s’élève contre l’idée que les « héritages de l’esclavage et du g