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Notes de lecture

Les riches font-ils le bonheur de tous?

juillet 2014

#Divers

Auteur de référence salué à juste titre aux quatre coins du monde pour ses travaux sur la Vie liquide et le Coût humain de la mondialisation, Zygmunt Bauman a un secret d’écriture : celui de l’essai rapide qui ne se résume pas à un tissu de lieux communs. Avec une rare modestie, il commente ses propres lectures pour ses lecteurs, sans en rajouter dans la théorisation inutile ou la production de concepts à l’emporte-pièce. Ce moraliste en revient toujours à la question : qu’en est-il de la mondialisation contemporaine ? Et pour y répondre, il commence par la « qualifier », en rappelant qu’elle fait émerger un nouveau type d’inégalités à l’échelle planétaire (ainsi croise-t-il les analyses de Joseph Stiglitz et de François Bourguignon) avant de préciser que nous les tolérons de plus en plus : « Dans notre société, […] la résistance à l’inégalité est extrêmement difficile car ses conséquences publiques et personnelles sont trop fortes. » Ce constat d’une tolérance accrue à des inégalités intensifiées le conduit à évoquer des mensonges majeurs et quotidiens dans un esprit proche d’Ivan Illich, qu’il cite souvent : la croissance toujours et toujours, la hausse infinie de la consommation, la rivalité, mais aussi le « pouvoir des mots ». On retiendra également sa critique des sciences sociales occidentales, dont « le présupposé explicite ou caché est que les individus précèdent la société, qui doit donc être expliquée par les attributs endémiques des individus qui la composent », alors que la société précède les individus qui en sont partie prenante (il s’appuie ici sur les travaux méconnus de François Flahault). Un livre qui renoue avec le meilleur d’une tradition moraliste plus nécessaire que jamais !

 

O. M.

Armand Colin, 2014
132 p. 12,50 €